Le président de la Turquie Recep Tayyip Erdogan a haussé le ton mardi lors d’un discours accusant l’Occident de "soutenir le terrorisme" et les putschistes. C’est sa réponse aux critiques des Etats-Unis et de pays européens sur l’ampleur des purges qui ont suivi le putsch avorté.
Dans un discours virulent prononcé au palais présidentiel à Ankara, Recep Tayyip Erdogan a accusé mardi les pays occidentaux de "soutenir le terrorisme et les coups d’Etat". Selon lui, la tentative de putsch le 15 juillet dernier a été fomentée à l’étranger.
Le discours accusateur du président turc visait l’ensemble des Occidentaux. Recep Tayyip Erdogan estime que son pays n’a reçu aucun soutien, ni pendant les premières heures du putsch ni par la suite. Pire encore, "ceux que nous croyions être des amis ont soutenu le terrorisme, ils ont même pris le parti des putschistes", accuse le chef de l’Etat turc. Il a en outre indiqué que la tentative de coup d’Etat avait été programmée depuis l’étranger. "Cet événement n’a pas été planifié seulement depuis la Turquie. Je vais le dire franchement : les acteurs de mouvement putschiste étaient ici, mais le scénario de ce putsch a été rédigé à l’étranger !", a-t-il martelé. Dans sa ligne de mire figurent avant tout les Etats-Unis. Le président turc est furieux contre le refus de Washington d’extrader son ennemi numéro un, l’opposant et prédicateur Fethullah Gülen, pointé du doigt comme le commanditaire de la tentative de coup d’Etat et exilé en Amérique depuis 1999. "Quel genre de partenaire stratégique sommes-nous si les États-Unis n’extradent pas Gülen malgré nos demandes répétées ?", s’est-il interrogé, en faisant indirectement allusion au partenariat militaire turco-américain dans la lutte contre l’EI.
Recep Tayyip Erdogan s’en est également pris à l’Union européenne (UE) "qui n’a pas rempli ses promesses" en ce qui concerne le versement de trois milliards d’euros dans le cadre de l’accord sur les migrants et des visas facilités pour les Turcs. "Rien ne se passe sur le front des visas", a-t-il affirmé. "Quand on dit cela tout haut, ces messieurs de l’UE sont très mal à l’aise. Pardonnez-moi mais ce pays n’est pas un esclave", a-t-il dit avec véhémence. Il a enfin rejeté les critiques des Européens sur les mesures prises après le coup, soutenant que "l’état d’urgence respecte les procédures européennes". "Regardez ce qu’a fait la France : trois plus trois plus six, elle a déclaré un an d’état d’urgence", a-t-il rappelé.
Près d’un mois après cette tentative de coup d’Etat, Recep Tayyip Erdogan compte réorganiser complètement l’armée et les services de renseignements pour éviter qu’ils ne soient à nouveau "infiltrés" par les partisans de Fethullah Gülen. Il a martelé qu’il ne manifesterait "aucune pitié" pour les putschistes. Le président avait déjà indiqué qu’il serait prêt à rétablir la peine de mort.