Le quartier St-Michel à Bordeaux fait parler de lui-même à cause d’une épicerie musulmane qui ouvre ses portes aux femmes uniquement les samedis et dimanches.
"De l’orient à l’occident ". C’est ainsi que se nomme cette épicerie/bazar installée en plein quartier de St-Michel, à Bordeaux, où se côtoient plusieurs générations et communautés. Sa particularité : c’est surtout ses horaires d’ouverture, différents pour les hommes et pour les femmes. Le début de la semaine est exclusivement réservé aux hommes, la fin, aux femmes. Et c’est un jeune couple français récemment converti à l’Islam qui a ouvert cette boutique.
Les habitants du quartier, musulman ou non, se disent choqués de cette situation. "Je trouve ça dommage dans un quartier populaire où tout le monde se rassemble", lance une femme, non-musulmane. Une autre, musulmane, trouve cette situation "pas normale". Même l’Imam lui-même, Tareq Oubrou, n’arrive pas à comprendre la démarche. "On n’a jamais vu ça même à l’époque du prophète", assure-t-il.
La pratique, jugée anti-mixité fait ainsi polémique à Bordeaux. A l’époque du prophète, "Les marchés étaient mixtes. Ça me paraît un peu bizarre dans un monde où la mixité est une culture établie", ajoute Tareq Oubrou. "C’est peut-être une option personnelle qui relève plus d’un choix psychologique que théologique", conclut-il.
L’association qui œuvre pour l’établissement d’une bonne entente entre toutes les cultures, Boulevard des Potes, elle regrette la polémique. "Ce qui est regrettable, ce qu’on mette l’accent sur une activité commerciale qui pose un problème de droit mais qu’on ne relaye pas ce qui marche", interpelle Ahmed Serraj, directeur de l’association à Bordeaux.
Quoi qu’il en soit, cette pratique est considérée comme une discrimination, si elle est avérée, donc passible de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.