Aux Comores, les sapeurs-pompiers se plaignent de conditions de travail difficiles. Divers problèmes ont été évoqués, notamment en matière de financement, de sécurité, d’équipement…
Les sapeurs-pompiers comoriens crient au secours. Et pour cause, ils sont confrontés à des conditions de travail difficiles, à en croire des témoignages relayés par la presse locale. Certains d’entre eux ont fait état de divers problèmes, notamment d’ordre financier, technique, matériel…
« Nous ne sommes pas en sécurité...Même nos uniformes sont très usés puisque depuis qu’on nous a recrutés, nous portons le même équipement », confie à Alwatwan un jeune secouriste, issu de la dernière promotion de 120 sapeurs-pompiers recrutés en 2012 en Grande-Comore.
Le secouriste ajoute que son unité n’est pas en mesure d’assurer les besoins fondamentaux des paramilitaires. Il est « même difficile d’assurer le quotidien. On cotise entre nous, par exemple, pour s’acheter de quoi manger ». « Si l’Etat n’a pas les moyens à quoi bon d’instaurer ce service », s’indigne-t-il.
En réaction aux doléances de ses hommes, le commandant de l’unité des sapeurs-pompiers de Grande-Comore, Madi Ali Bacar, « tente de rassurer les jeunes secouristes que des mesures ont été prises pour améliorer les conditions dans un futur proche », relate Alwatwan, sans détailler les mesures en question. L’inspecteur a également invité les autorités locales à prêter une attention particulière à la difficulté que traverse la Direction générale de la sécurité civile (Dgsc).
Entretemps, les secouristes essaient tant bien que mal d’honorer leurs engagements même si leurs interventions ne se déroulent pas toujours dans les meilleures des conditions. Parfois, ils doivent passer par un véritable parcours de combattant pour secourir les victimes d’accidents, pour venir en aide aux malades nécessitant une évacuation sanitaire ou encore pour affronter les incendies.
Parmi les difficultés rencontrées figure le chaos qui règne au niveau de la circulation routière. Un ambulancier raconte que les routes sont très étroites et certains usagers rechignent à accorder la priorité aux secouristes comme le veut le code de la route. « Nous mettons ainsi trop de temps à aller sur les lieux des drames », déplore-t-il.
Autre problème, le commandant Madi Ali Bacar dénonce les agissements des habitants. « Parfois, nous sommes confrontés à des fausses alertes via des personnes de mauvaise foi. Des mesures ont ainsi été prises, en commun accord avec les services des télécoms, pour intercepter les auteurs qui seront sanctionnés sévèrement ».
Pour couronner le tout, Alwatwan révèle une particularité locale plutôt surprenante. « La mission essentielle des ambulances est de secourir des cas urgents dans l’agglomération de Moroni, pour le moment. Mais il a été constaté que ces véhicules servent, plutôt, de corbillards pour convoyer des dépouilles mortuaires dans les régions et villages ». Le quotidien montre du doigt « un détournement des missions primaires de ces ambulances destinées aux secours d’urgence et aux catastrophes naturelles ».
La population a elle aussi son mot à dire devant cette situation surréaliste. « L’initiative est bonne d’avoir des sapeurs-pompiers qui luttent contre les drames dans ce pays. Malheureusement, on doit s’armer de patience car ils prennent du temps avant d’intervenir. Certains retards sont causés par un manque d’eau pour éteindre le feu. Bref, les conditions ne sont pas réunies pour mener une telle opération », regrette un chauffeur de taxi.
Appelé à avancer des solutions, l’inspecteur Madi Ali Bacar propose une prise en charge et une sécurité sociale en faveur des secouristes, mais aussi l’acquisition de nouveaux véhicules, la décentralisation des brigades des sapeurs-pompiers dans les régions en dehors de Moroni, et enfin la sensibilisation des usagers de la routes aux dangers de la vitesse et du non-respect du code de la route…, relate Alwatwan. Seule bonne nouvelle, les sapeurs-pompiers de la capitale comorienne seront dotés d’une caserne flambant neuve à la fin de ce mois de septembre.