Auditionné dans le cadre de la mission Médiator, le médecin généraliste Philippe de Chazournes a formulé à l’Assemblée Nationale un certain nombre de préconisations en vue d’améliorer les conditions de prise en charge des malades et plus généralement, mettre au jour certains dysfonctionnements du système médical français. Le praticien n’a pas manqué de rappeler "qu’au bout du processus, il y a le patient, l’humain".
Plusieurs auditions se sont déroulées la semaine dernière au coeur de l’Assemblée Nationale, dans le cadre de la mission d’information sur le Médiator et la pharmacovigilance. Durant son intervention, le docteur Philippe de Chazournes qui exerce à la Réunion depuis plus de vingt ans et représentant la Haute Autorité de Santé depuis dix ans a apporté son éclairage.
Le médecin généraliste, également Président de l’association Médocéan a participé à plusieurs travaux sur les outils de l’évolution des pratiques professionnelles. Au travers de cette audition au Palais Bourbon, Philippe de Chazournes entendait mettre en lumière un certain nombre de dysfonctionnements, d’incohérences dans le système médical actuel.
Le praticien a abordé plusieurs thématiques, parmi lesquelles "la formation des médecins, la mise en place des recommandations" ou encore "le processus de prescriptions". Voici les principales préconisations formulées par Philippe de Chazournes à l’Assemblée Nationale la semaine dernière :
1) "Oser une recherche indépendante". Les publications au niveau du chikungunya et du diabète ont montré l’intérêt de l’apport de préconisations au médecin par un pair.
Avec l’Insern, le CEIEC, la Cellule Régionale d’Epidémiologie, des fonds publics, on arrive à des études intéressantes. Les appels du docteur de Chazournes à l’ARS au sujet du H1N1 n’ont pas été pris en compte du fait de la hiérarchie et des protocoles selon lui. Il propose la réalisation de groupes régionaux pour des études randomisées.
2) Notifier. Rédiger un certificat de décès lorsque des cas prêtent au doute. A charge ensuite aux instances sanitaires d’effectuer une enquête approfondie.
3) La mise en place d’un conseil de surveillance des recommandations. Un groupe d’experts indépendants et choisis par la Haute Autorité de Santé ou par une autre structure, pourrait tourner dans la France. Ces médecins formés, rémunérés et assermentés pourront entre autres effectuer des études de morbi-mortalité, outil de référence lorsqu’on veut trouver la cause d’une pathologie. Il faut aussi revoir les critères de jugement : si un médicament fait baisser le cholestérol mais qu’il fait mourir plus de gens, il y a un problème.
4) Créer un rapport Bénéfices en santé publique, sur les risques en terme de santé publique. L’information des médecins se fait aujourd’hui essentiellement par l’industrie pharmaceutique et les délégués de l’assurance maladie. Pourquoi ne pas utiliser le réseau des experts visiteurs formés par la Haute Autorité de Santé et même les professionnels formés par les industries pharmaceutiques étant donné qu’ils ont une connaissance au niveau du savoir physiologique, anatomique et biochimique nettement meilleure que la notre.
5) En qualité de président de l’association Médocéan, Philippe de Chazournes a demandé si l’Assemblée Nationale peut valider un éventuel prix de thèse délivré par les universités pour montrer ce désir d’indépendance et ce désir de changement aux personnes qui font des thèses de médecine générale et de santé publique, sans l’appui des groupes pharmaceutiques.
A l’issue de son intervention, le Docteur de Chazournes a lu la lettre que lui a remis le Collectif Mediator Océan Indien, qui s’est formé il y a à peu près deux mois à la Réunion.