Les sénateurs qui ont mené la mission à Mayotte et à la Réunion pointent du doigt "l’échec de politique de reconduite à la frontière" dans le 101 ème département.
Partant de l’échec de l’actuelle politique de lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte, une mission sénatoriale préconise une nouvelle piste.
"Il n’y a pas d’autre solution que de revoir nos relations avec les Comores pour maîtriser l’immigration", estime le président de la commission des Lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur (PS), qui a présenté à la presse mercredi le rapport de la mission.
La mission sénatoriale pointe en particulier "l’échec de la politique de reconduite à la frontière pour lutter contre l’immigration illégale" entre les Comores et Mayotte. Selon le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur, le fait de renvoyer les clandestins chez eux ne produit pas nécessairement l’effet dissuasif escompté. Le rapport montre qu’"environ 40% des personnes reconduites recommencent".
Sur la base de ce constat, la mission préconise la révision pure et simple du "visa Balladur", instauré en 1995 pour limiter la circulation des personnes entre Mayotte et l’archipel des Comores.
"Il faut un autre dispositif plus réaliste", propose Jean-Pierre Sueur, sans cacher son intention de "saisir prochainement le ministère des Affaires étrangères sur cette question".
Pour Christian Cointat, sénateur UMP des Français de l’étranger, "ce visa ne protège rien du tout". L’élu de la droite qui a participé à la mission a mis en avant la nécessité de remplacer le "visa Balladur" par un visa délivré aux détenteurs d’un passeport comorien. Ceci "pour ouvrir un espace de circulation à l’intérieur de Comores", y compris Mayotte, soutient-il. "Ce signe en direction de l’Etat comorien permettrait au moins de savoir qui est sur le territoire de Mayotte", explique le sénateur UMP, qui s’est aussi exprimé en faveur d’"une coopération sérieuse avec les Comores".
La mission menée par les sénateurs Félix Desplan et Christian Cointat dresse en totalité 32 propositions pour refonder la politique d’immigration à Mayotte et 22 mesures pour La Réunion.
Les élus de la chambre haute demandent au gouvernement d’accélérer notamment la construction du nouveau centre de rétention administrative de Mayotte et de renforcer les effectifs de la police aux frontières. "
Il y a une situation tragique de l’immigration clandestine à Mayotte". "
C’est la réalité presque quotidienne", déplore Jean-Pierre Sueur, faisant allusion au récent
naufrage d’un kwassa kwassa qui a fait 7 morts, dont 4 enfants et 4 disparus.
Dans un communiqué, le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel "salue la qualité du travail" de la mission sénatoriale et promet d’étudier "avec intérêt et attention" l’ensemble des propositions formulées pour Mayotte et La Réunion, notamment dans les domaines de la justice, de la lutte contre la vie chère, de l’éducation ou des finances.