Les médias recherchent un deuxième souffle sur le web. Le lectorat des quotidiens s’effrite, les jeunes se détournent volontiers du média papier. La télévision doit offrir des programmes de rattrapage aux internautes / téléspectateurs. Rien ne va plus dans l’univers des médias traditionnels, c’est aux rédactions de jouer maintenant. Entre qualité éditoriale des journaux, difficultés économiques et émergence de l’usage de l’Internet, c’est une révolution qui attend le monde des médias dans notre île.
Tout est question économique. Et la crise qui frappe la Réunion depuis cette année accélère la transformation du marché de la presse. Le chiffre d’affaires publicitaires des journaux à la Réunion en 2008 était de 33,2 M€ selon la pige publicitaire relevée par Médiaris dans notre île. Loin devant la télévision (23,5 M€) et la radio (8,7M€). Mais un nouveau venu dans ce paysage semble jouer les troubles fête. Avec le développement de l’Internet, la publicité s’est découvert un nouveau centre d’intérêt.
Le lectorat trouve aujourd’hui dans les sites d’informations gratuits une offre rédactionnelle équivalente à celle des journaux. De quoi plomber le modèle économique des journaux payants ? Pas sûr, répond Laurent Decloitre : « le public paie l’abonnement à internet ». Ce qui manque selon lui, c’est une presse d’opinion. Car les chiffres attestent d’une décroissance du nombre de lecteurs. La situation est alarmante depuis 2007. La chute est vertigineuse malgré les efforts des quotidiens pour enrayer l’affaissement. En deux ans le nombre de lecteurs ayant lu un journal a baissé de plus de 10 points. Des problèmes que les éditeurs tentent de résoudre. Car Laurent Decloitre insiste : « Au regard de la métropole, le Jir et le Quotidien sont d’une meilleure qualité que la presse quotidienne départementale, voire la presse quotidienne régionale ».
Comment expliquer cela ? Laurent Decloitre ose une explication. C’est le responsable de l’option journalisme au département Info-Com de l’université de la Réunion. C’est également le correspondant de Libération à la Réunion. Pour lui la presse locale ne fait pas face à un effondrement mais plutôt « à un fléchissement » et la crise actuelle et moins structurelle dans les journaux que conjoncturelle « la crise touche de plein fouet les annonceurs qui réduisent leur achat d’espace publicitaire ». Pour lui la presse papier doit évoluer plutôt en profondeur « puisque l’information est accessible partout à moindre coût, il faut que la presse écrite propose autre chose : analyse, explications, contextualisation, bref, qu’elle prenne le temps... et la place d’apporter une plus-value ; je pense notamment à la presse d’opinion ».
Jir et Quotidien incapables de renouveler le genre journalistique ? Pas sûr. Les journaux ont déjà évolué de manière considérable depuis des années. Mais le territoire est petit, on trouve les mêmes informations dans les deux journaux et les mêmes articles que ceux trouvés sur le web : « le public étant surinformé, la presse écrite pourrait lui proposer les faits, évidemment, mais aussi des grilles de lecture, voire des opinions dans le cadre d’une ligne éditoriale clairement positionnée. Qu’elle devienne acteur local et non simplement spectateur et rapporteur. Qu’elle soit agitateur d’idées » demande Laurent Decloitre.
Les regards se tournent vers le web. Aurait-il précipité la chute de la presse papier ? « Il n’est absolument pas prouvé que les nouveaux médias participent à la chute de la presse papier » annonce Laurent Decloitre, avant de poursuivre : « L’internaute et le lecteur papier ne sont pas forcément les mêmes personnes. La presse en ligne a permis de toucher un nouveau public, jeune notamment, qui ainsi, découvre le monde de l’information et vient ou viendra peut-être ensuite au support papier ». Avis contraire d’Ipsos Océan Indien : « La presse quotidienne payante, dans sa version papier, a naturellement souffert la première de l’arrivée du Net et ce pour deux raisons : son prix qui avoisine ou dépasse 1€ et son format. Dans une société qui va de plus en plus vite, les consommateurs sont plus enclins à rechercher des articles courts, même s’ils souhaitent en développer certains », déclare Armelle Garnier, directrice de clientèle Ipsos Océan Indien.
Bertrand Pecquerie est spécialiste de la presse internationale. Il annonce une mutation radicale de la presse quotidienne au niveau national : « nous allons quitter les mass médias pour des médias de niche, avec des rédactions intégrées Web-papier-téléphone, qui produiront des contenus spécialisés ».
Le groupe JIR, journal historique de La Réunion, récemment racheté par l’homme d’affaires Abdull Cadjee a été le premier à prendre sa place sur le marché du multimédia il y a dix ans avec le lancement du portail Clicanoo. Le groupe Antenne Réunion a fait ce pari. Après s’être consolidé dans la télévision pour en devenir le leader, il s’est lancé dans la production de contenus pour le web avec son site d’information en continu
www.linfo.re et tout récemment son site de vidéo locale à la demande
www.antennereunionreplay.fr. Ils détiennent selon le dernier webtrack, les deux premières places des sites locaux d’information les plus consultés dans notre île, loin devant les autres. Le groupe Le Quotidien pour sa part ayant choisi la voie de l’Internet payant.
« La montée d’Internet à la Réunion, qui compte aujourd’hui environ 56% d’internautes de 15 ans et plus, et le succès des sites locaux comme Clicanoo ou Linfo.re démontrent bien que la convergence est en marche » explique Armelle Garnier, directrice de clientèle chez Ipsos Océan Indien.
Ipsos Océan Indien étudie de près les médias dans notre île mais accuse les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) de freiner ce développement : « il existe des freins puissants, liés essentiellement à l’équipement. Le développement de la convergence est subordonné au développement de vraies offres haut débit, à des prix plus attractifs, mais cela nécessite des investissements lourds que nul opérateur aujourd’hui ne semble être prêt à payer » poursuit Armelle Garnier.
Interview de Laurent Decloitre - Responsable de l’option journalisme au département Info-Com de l’université de la Réunion
La lecture des journaux (Jir et Quotidien) est en baisse maintenant depuis plus d’un an, selon les chiffres des instituts de sondage. A quoi peut-on attribuer cet effondrement ?
On ne peut pas parler d’un effondrement du Jir et du Quotidien, mais plutôt d’un fléchissement régulier des ventes. Il est dû à mon sens aux raisons suivantes :
- le prix du journal : pour les lecteurs, particulièrement les jeunes, il apparaît élevé, surtout lorsque le public compare à l’information "gratuite" diffusée à la télévision et sur le net. C’est une erreur : le public paie la redevance télé (Ndlr : uniquement pour le service public, pas pour les chaînes privées) et l’abonnement à internet ! Il faudrait comparer avec de la presse écrite gratuite, qui n’existe pas encore à la Réunion, si l’on excepte le lancement d’exprimanoo. Pour ma part, je ne pense pas que le Jir ou le Quotidien soient trop chers.
- la concurrence des médias émergents : il est plus ludique de lire les infos sur des écrans internet que de lire des pages un peu austères ; surtout, le public est aujourd’hui friand de l’immédiateté. Toutes les informations sont accessibles aujourd’hui en temps réel ; attendre la parution du journal le lendemain matin peut sembler inutile lorsque l’on ne cherche que l’information brute, sans les détails ou les analyses propres à la presse écrite
Certains analystes comme Bernard Poulet (auteur de la Fin des journaux) pensent que la presse écrite va droit au cimetière. Les quotidiens locaux sont-ils si vulnérables que cela ?
Non, la presse écrite locale ne va pas droit au cimetière. Elle doit évoluer, travailler en synergie avec le multimédia, dresser des partenariats et peut-être réfléchir au diktat de l’information courte, pratique, formatée. Puisque l’information est accessible partout à moindre coût, il faut que la presse écrite propose autre chose : analyse, explications, contextualisation, bref, qu’elle prenne le temps... et la place d’apporter une plus-value ; je pense notamment à la presse d’opinion. Le public étant sur-informé, la presse écrite pourrait lui proposer les faits, évidemment, mais aussi des grilles de lecture, voire des opinions dans le cadre d’une ligne éditoriale clairement positionnée. Qu’elle devienne acteur local et non simplement spectateur et rapporteur. Qu’elle soit agitateur d’idées.
Sur la vulnérabilité de la presse locale : pas plus que la presse quotidienne nationale, voire moins. Certes, elle dépend des recettes publicitaires (environ 60%) et en temps de crise, c’est une ressource incertaine. Mais les sites internet, et les télévisions aussi.
Comment la presse pourrait elle s’en sortir alors qu’elle est l’une des plus subventionnées d’Europe ?
En regagnant des lecteurs. Il n’est pas choquant d’être subventionné lorsqu’on sait que l’information est constitutive de la garantie démocratique.
Peut-on aujourd’hui parler de journaux de qualité dans notre île ?
Oui ! Le Jir et le Quotidien sont deux journaux locaux de grande qualité rédactionnelle, avec une force de réactivité impressionnante. Les maquettes sont bien pensées, le site du Jir est une réussite. Au regard de la métropole, ils sont d’une meilleure qualité que la presse quotidienne départementale, voire la presse quotidienne régionale. Concernant les ventes, elles se situent dans une bonne moyenne en proportion de la population.
Les nouveaux médias et Internet participent-ils à la chute de la presse papier ?
Il n’est pas absolument prouvé que les nouveaux médias participent à la chute de la presse papier. L’internaute et le lecteur papier ne sont pas forcément les mêmes personnes. La presse en ligne a permis de toucher un nouveau public, jeune notamment, qui ainsi, découvre le monde de l’information et vient ou viendra peut-être ensuite au support papier.
A ce jour, les sites d’information en ligne qui ne sont pas adossés à un journal écrit ne sont pas économiquement viables.
La presse réunionnaise est elle malade ?
Non, pas plus que la presse nationale ou la presse quotidienne départementale et presse quotidienne régionale de métropole. C’est plutôt la presse française en générale qui tousse, en raison de son lectorat insuffisant.
La crise économique actuelle précipite t’elle cette chute des ventes et du lectorat ?
Non, je ne pense pas. La crise est un sujet d’actualité important qui suscite des inquiétudes et qui incite au contraire les lecteurs à en savoir plus. En revanche, la crise touche de plein fouet les annonceurs qui réduisent leur achat d’espace publicitaire.
Interview d’Armelle Garnier - Directrice de clientèle Ipsos Océan Indien
Difficile d’interviewer les spécialistes de l’étude des médias dans notre île. La transparence sur les chiffres dans le secteur de la presse écrite n’existe pas. Pourtant les études sont menées et les résultats sont connus. Mais un journal c’est aussi un client pour l’institut qui fait le choix délibéré de la protection rapprochée. Ipsos Océan Indien accepte donc de répondre à des questions sur les nouveaux défis de la convergence pour les médias traditionnels en prenant pour exemple ce qui se passe en métropole.
Qu’est-ce que la convergence numérique ?
Grâce à la numérisation des contenus, les médias autrefois consommés sur des supports distincts : papier pour la Presse, ordinateur pour Internet, écran pour la TV, tuner pour la Radio, vont pouvoir désormais converger vers un seul espace (Internet), pour être ensuite visualisés sur nos écrans : ordinateur, TV, ou mobile. Ainsi les médias se retrouvent pour la 1ère fois en concurrence frontale, et subissent de plus les assauts de nouveaux acteurs.
Aujourd’hui 60% des Français de plus de 15 ans ont consommé des contenus médias en dehors de leur support d’origine au cours des 3 derniers mois, via Internet. 18% en consomment quotidiennement.
La convergence numérique représente à la fois une menace puissante pour les médias dits traditionnels mais également une formidable opportunité de développement : menace via l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène médiatique : aujourd’hui en métropole le principal concurrent de Canalsat s’appelle Orange, celui de TF1 Dailymotion. Mais aussi formidables opportunités de développement pour les médias traditionnels dans l’ère numérique, face à des internautes en manque de repère.
L’Internet ne cesse de progresser à la Réunion, et l’engouement pour les sites d’information locaux comme Clicanoo ou dernièrement linfo.re démontre l’attractivité de ces nouveaux supports d’information.
La convergence numérique redistribue t’elle les cartes ?
Aujourd’hui 64% des métropolitains âgés de 15 ans et plus -soit 32 millions de personnes- sont internautes. La progression spectaculaire d’Internet ces dernières années a été portée par la démocratisation des offres ADSL (90% des internautes équipés), grâce à des prix très attractifs : offres téléphone+Internet (double play) à partir de 24,90€, 29,90€ avec la TV en supplément (offres triple play).
Avec des capacités de diffusion plus grandes, la démocratisation de l’ADSL a permis la naissance d’une véritable révolution dans le monde des médias : c’est la convergence numérique.
Qui seront les consommateurs medias de demain ?
La convergence numérique a généré de nouveaux comportements qui menacent aujourd’hui les médias dans leur version traditionnelle. En matière d’information, cette concurrence touche plus durement la Presse d’information payante, et notamment la Presse Quotidienne, mais les Journaux TV sont également menacés dans un avenir plus ou moins proche.
Aujourd’hui, le Net est un concurrent extrêmement sérieux, et concerne toutes les catégories de population, dans la mesure où il offre une information gratuite, instantanée (un événement peut être relayé très rapidement sur la Toile comme par exemple la mort de Mickael Jackson), continue (donc continuellement renouvelée), « on demand », croisant une multitude de sources : l’internaute a la possibilité de se créer une page en agrégeant des infos issues de plusieurs sites, sur des sujets très différents qui peuvent être très pointus, multiforme : les informations contenus dans les sites d’information peuvent mêler les commentaires textes, mais également vidéo, sons, illustrations.
Et la menace devrait s’accentuer, avec l’arrivée au pouvoir des « Digital Natives » la génération née avec Internet. Pour les Digital Natives, le média internet est un véritable couteau-suisse indispensable, qui les accompagne tout au long de leur journée : par ce biais, ils s’informent, se divertissent, communiquent avec leur tribu, font leur courses, travaillent.
Connectés souvent 10h par jour, les Digital Natives consomment une somme colossale d’information, en continu, mais souvent de façon superficielle. Néanmoins, si un sujet les intéresse, ils se mettent en quête de l’information la plus fiable, et l’analyse la plus pointue, pour pouvoir la relayer et/ou en débattre dans leur cercle, à travers leur réseau (comme Facebook) et les forums. Ainsi, à la différence des médias traditionnels, c’est le consom’acteur qui détermine les titres qu’il souhaite développer.
Quels défis la presse quotidienne doit-elle relever ?
La Presse Quotidienne payante, dans sa version papier, a naturellement souffert la 1ère de l’arrivée du Net et ce pour 2 raisons : son prix qui avoisine ou dépasse 1€ et son format. Dans une société qui va de plus en plus vite, les consommateurs sont plus enclins à rechercher des articles courts, même s’ils souhaitent en développer certains. Avec ses formats courts et une priorité la priorité à l’image pour une lecture rapide dans les transports en commun, la presse urbaine gratuite l’a bien compris. C’est ce qui fait d’ailleurs son succès : avec 2,7 millions de lecteurs par numéro en 2008 (+4%), 20 minutes est devenu le 1er quotidien de France, et connaît un véritable succès auprès de la cible jeune, pourtant considérée autrefois comme inatteignable, et tord ainsi le cou à l’idée d’une fin du papier. De nombreux lecteurs restent aujourd’hui attachés à la Presse Quotidienne Payante, et l’achat du quotidien fait partie des rites comme celui de la baguette.
Les études d’audience auprès des cadres montrent que la Presse Quotidienne reste un média référent, prisé pour ses prises de position, son expertise, ses analyses approfondies, et permet une lecture en mobilité avec un confort de lecture jamais égalé. Reste à savoir si les individus continueront à vouloir en payer le prix.
Néanmoins, à l’ère de la convergence la presse ne peut être réduite à sa simple expression papier. Depuis longtemps, la Presse est présente sur le Net. Aujourd’hui la marque le Monde touche 6,8 millions d’individus par semaine, travers son titre, mais surtout son site. Dans l’univers du numérique, la presse a un rôle majeur à jouer dans la mesure où elle constitue un repère dans la masse d’information souvent contradictoires qui circulent. Le media Internet offre également à la presse d’autres moyens d’expression qu’elle se doit d’exploiter pour se réinventer et se défaire de son image quelques fois un peu trop austère.
Quels sont les défis pour la télévision ?
Pour la télévision, la convergence numérique, couplée à l’arrivée de la TNT a profondément changer le paysage audiovisuel français. Aujourd’hui à travers ses sites TF1.fr, wat, overblog TF1 touche 15 millions de visiteurs par mois, mais est concurrencé par Dailymotion qui compte à lui seul 9 millions de visiteurs. Aujourd’hui les sites de partage de video (Youtube, Dailymotion), concurrencent les TV au même titre que les sites diffusant les séries en VO sous titrées, bien avant leur diffusion en France.
Les sites de télévision ont riposté en lançant la « catch-up TV » ou TV de rattrapage, qui permet aux téléspectateurs de voir les émissions qu’ils ont manqué, et bénéficier de « bonus ». Ils ont ainsi enregistré en 3 mois 15 millions de téléspectateurs, 12 millions pour les journaux télévisés sur Internet.
A la concurrence du net s’ajoute l’engouement pour la TNT et le développement de la TV d’Orange qui contribuent à fragmenter davantage l’audience, et donc diminuer la part de marché des généralistes. En mai 2009 TF1 perdait 2,1 points de part de marché (à 25,5%) quand la TNT en gagnait 3,4 points avec14.6% de part de marché.
En matière d’information, la « messe » du 20h, qui rassemblait toute la famille autour du poste est menacée par les nouveaux modes de consommation beaucoup plus individuels, sur le Net, et dans une moindre mesure à la montée des chaînes d’info comme BFMTV et Itélé sur la TNT.
Pourquoi la radio semble t’elle être épargnée dans cet univers ?
Contrairement aux autres, la Radio semble être le média qui a le plus gagné dans cette révolution. L’avènement du numérique a permis à la Radio, d’accompagner les auditeurs sur leur mobile et leur ordinateur, et de multiplier ainsi les occasions d’écoute.
Au cours des 3 derniers mois, 21,4 millions d’internautes soit 43% des métropolitains âgés de 15 ans et plus) ont écouté la radio en ligne, que ce soit en direct, en différé, ou en podcast (téléchargement automatique).
Et finalement, même s’il existe une concurrence des webradios spécialisées dans un type de musique, les radios historiques restent largement dominantes et proposent aujourd’hui elles-mêmes leur déclinaison (NRJ hits, NRJ Poprock…)
La convergence a non seulement permis aux radios d’accroître leur diffusion mais elle leur a également permis de créer une image au sens premier du terme, pour matérialiser un média qui manquait cruellement de représentations (photos, video des émissions), de développer les services comme les podcast (permettant de télécharger automatiquement les émissions pour ne pas les manquer), de développer des territoires de marques : Skyrock, radio jeune est ainsi devenue le 1er site communautaire avec Skyblog. Par ailleurs, la radio reste le 1er media en voiture.
Quelles conclusions peut-on tirer de ces changements en cours ?
Sans doute, la révolution engagée impose aux médias de relever le défi du numérique et de s’adapter aux comportements d’une génération avec des besoins et des exigences différentes.
C’est l’occasion de se réinventer, appréhender de nouveaux territoires, inventer de nouvelles expressions de la marque média, tant sur le fond que la forme.
A l’instar d’Apple avec Itunes, Ipod, Iphone, Imac, les déclinaisons de la marque media renforcent le lien ou « l’engagement » qu’ont les consommateurs avec elle. La marque media devient alors un « compagnon » dans la vie des individus, un référent, qu’ils écoutent. Assurément, mes marques media qui joueront le jeu en ressortiront encore plus puissantes.
La Réunion est elle épargnée par cette révolution ?
La montée d’Internet à la Réunion, qui compte aujourd’hui environ 56% d’internautes 15 ans et plus, et le succès des sites locaux comme Clicanoo ou Linfo.re démontrent bien que la convergence est en marche. Et si aujourd’hui la menace dans le département semble aujourd’hui moins réelle, c’est qu’il existe des freins puissants, liés essentiellement à l’équipement.
Le développement de la convergence est subordonné au développement de vraies offres haut débit, à des prix plus attractifs, mais cela nécessite des investissements lourds que nul opérateur aujourd’hui ne semble être prêt à payer.
Le développement de ZEOP (fibre optique 10 fois plus rapide que l’ADSL) représente un espoir de développement formidable des services numériques à la Réunion, mais le coût de développement est énorme et nécessite que France Télécom donne accès à ses « tuyaux » !
Et ceux qui pensent que les Réunionnais ne sont pas prêts, on répondra que certains avait prédit que le mobile ne marcherait pas ici, et qu’Internet se limiterait aux seuls jeunes urbains branchés. De plus, il ne faut pas oublier qu’ici aussi les Digital Natives existent ! Facebook et MSN messenger font déjà un véritable carton !
Quant à l’arrivée de la TNT à la Réunion, prévue pour 2010/2011, la menace qui pèse sur les chaînes historiques locales dépendra des choix techniques et des contenus. Si la solution hertzienne est choisie, la moitié des Réunionnais passera de 3 à une dizaine de chaînes a priori. Reste à savoir quelles seront les chaînes choisies et si les contenus seront à la hauteur des attentes des téléspectateurs.
Et enfin, sur le mobile, la 3G+ offre de nouvelles perspectives, mais le développement des pratiques impose aux médias de proposer des offres adaptées au mobile.