Les petites et moyennes entreprises réunionnaises de l’industrie et des services (technologiques, intellectuels, administratifs ou de soutien) innovent autant qu’en France métropolitaine.
Malgré des handicaps structurels (étroitesse du marché, entreprises de petite taille et secteurs d’activité peu innovants), une dynamique locale dans l’industrie compense les obstacles. L’innovation en organisation et en marketing est particulièrement développée. Les entreprises de 20 à 50 salariés sont les moteurs de l’innovation à La Réunion, leur taux d’innovation (64 %) étant supérieur de 10 points à celui de Métropole.
Mais l’innovation technologique, dédiée aux produits ou aux procédés de production, peine à se développer, plus fortement encore dans les services que dans l’industrie : 27 % des entreprises de 10 à 250 salariés innovent technologiquement contre 34 % en métropole.
La Réunion pâtit notamment d’un déficit d’encadrement supérieur et d’emplois spécifiques liés à la conception-recherche. Les activités de recherche et développement sont beaucoup moins répandues qu’en Métropole. De plus, la coopération inter-entreprise ou avec le monde de la recherche (mise en réseau), bien que déjà en place, pourrait être renforcée.
Les principaux freins à l’innovation sont ceux liés aux coûts et à la connaissance (manque de personnel qualifié, difficultés à trouver des partenaires de marchés). Ces freins sont nettement plus prégnants à La Réunion. La stratégie régionale d’innovation (SRI), adoptée en 2010, vise à améliorer encore « la machine régionale à innover », en créant notamment l’environnement qui dynamise le processus d’innovation à La Réunion.
Entre 2008 et 2010, la moitié des entreprises réunionnaises de 10 à 250 salariés de l’industrie et des services ont innové. C’est autant qu’en métropole. Pourtant, La Réunion est confrontée à des handicaps structurels. La dimension du marché en premier lieu, sachant que plus une entreprise intervient sur un marché ouvert, plus elle innove.
Or, à La Réunion, 80 % des entreprises exercent exclusivement sur le marché régional (30 % en Métropole). Ensuite, les secteurs d’activité et la taille de l’entreprise ne sont pas favorables aux entreprises réunionnaises. En effet, plus d’activités sont orientées vers des secteurs habituellement peu innovants (services administratifs et de soutien par exemple), et les activités les plus innovantes (services technologiques par exemple) sont rares.
Les plus petites entreprises étudiées (10 à 19 salariés) sont également moins innovantes que les plus grandes, et elles sont proportionnellement plus nombreuses à La Réunion.
Les secteurs d’activité et la taille des entreprises réunionnaises, peu favorables à l’innovation en comparaison de la Métropole, font perdre quatre points au taux d’innovation réunionnais. Mais une vraie dynamique locale, portée par l’industrie, compense le déficit structurel. Plusieurs secteurs sont particulièrement performants et plus innovants qu’au niveau national : l’industrie du plastique (70 % des entreprises innovent contre 57 % en Métropole), l’industrie métallique, l’agroalimentaire ou encore les entreprises de traitement de l’eau et des déchets.
L’innovation technologique est donc plus faible à La Réunion : 27 % des entreprises innovent technologiquement, contre 34 % en France métropolitaine. Comme pour l’innovation au sens large, la structure du tissu productif réunionnais (taille et secteur) joue en défaveur de l’innovation technologique.
Ce retard s’explique en premier lieu par un déficit d’emplois de conception-recherche à La Réunion, qui est le premier facteur favorable à l’innovation technologique. Ils représentent 0,7 % de l’emploi total, soit 4 fois moins qu’en France métropolitaine. Les postes de cadres, qui apportent aux entreprises une capacité de développement des activités à haute valeur ajoutée, sont également moins nombreux : 9,2 % de cadres à La Réunion contre 13,7 % en Métropole.
Enfin, les activités de recherche et développement (R & D) réalisées en interne sont également moins répandues, ce qui pénalise les entreprises réunionnaises. Elles recourent d’ailleurs moins au crédit impôt recherche. Globalement, les entreprises réunionnaises sont en situation plus défavorable que leurs homologues métropolitaines : 41 % ont bénéficié d’au moins une aide contre 48 % en France métropolitaine.
Parmi les entreprises réunionnaises qui innovent technologiquement, seulement un quart coopèrent pour l’innovation, contre un tiers en France métropolitaine. Des réseaux favorisant la recherche et l’innovation ou des réseaux inter-entreprises existent déjà à La Réunion. Ils sont jeunes et en cours de structuration. De nouveaux partenariats avec les réseaux internationaux de l’océan Indien se développent.
Sources : l’Insee, l’Agence Française du développement