Juliano Verbard et son amant Fabrice Michel ont été condamnés à 13 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises.
Le procès de l’évasion de Juliano Verbard s’est achevé hier à la cour d’assises. Le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie", déjà condamné pour viols sur mineurs (15 ans de réclusion) et pour l’enlèvement du petit Alexandre a été condamné à 13 ans de réclusion, tout comme son amant Fabrice Michel. C’est un procès hors normes qui s’est terminé hier.
Deux semaines d’audience, quatorze accusés et une armée d’avocats pour une évasion spectaculaire et inédite à la Réunion, avec l’ultime étape de ce procès c’est le dossier Verbard qui s’est refermé. Après 6 heures de délibération, les jurés ont rendu leur verdict.
Véritable surprise de ce procès : Graziella Michel part libre du tribunal, ayant déjà effectué la peine de prison à laquelle elle a été condamnée. Guillaume Maillot s’était également préparé à la prison. En attendant le verdict, il prie avec son chapelet. Arrivé libre au tribunal, il dort désormais en prison. Globalement, c’est le soulagement et la satisfaction qui dominent chez les avocats de la Défense, aucun ne prévoit d’ailleurs de faire appel.
Voici l’ensemble des peines prononcées par la cour d’assises dans cette affaire :
Juliano Verbard a été condamné à 13 ans de réclusion criminelle.
Fabrice Michel, son ami a été condamné à 13 ans de réclusion criminelle.
Son père Alexin Michel a été condamné à 10 ans de prison ferme.
Comparaissant libre, Guillaume Maillot a été condamné à 10 ans de prison ferme.
Jean-René Gens a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle.
Rodolphe Cadet a été condamné à 10 ans de prison ferme.
Lucie Michel a été condamnée à 8 ans de prison ferme.
Marie-Yolaine Cadet a été condamnée à 4 ans de prison dont 2 ans avec sursis.
Sonia Flore a été condamnée à 2 ans de prison avec sursis.
Graziella Michel a été condamnée à 5 ans de prison, dont 3 et demi avec sursis.
Marie-Louise Hoarau a été condamnée à 1 an de prison avec sursis.
Anissa Gens a été condamnée à 2 ans de prison, dont 13 mois avec sursis.
Christiane Mainguet a été condamnée à 6 mois de prison avec sursis.
Samuel Cadet a été acquitté.
Les 14 accusés ont comparu devant la cour d’assises pour "évasion, séquestration, prise d’otages, détournement d’aéronef ou complicité de ces faits".
Le verdict des jurés a satisfait la défense qui a salué "un verdict juste" et une décision mesurée. Quant aux victimes, notamment Yann Morvan, la peine a été jugée suffisamment dissuasive et à la hauteur de la gravité des faits examinés.
Les faits :
Le 27 avril 2009, plusieurs membres de la secte de Juliano Verbard, déterminés à faire évader leur gourou qui affirme souffrir de ses conditions de détention, prennent la direction du cirque de Mafate. Plusieurs d’entre eux montent à bord d’un hélicoptère qu’ils ont loué. Ils prennent alors en otage le pilote Yann Morvan et son mécanicien Stéphane Libel. En les menaçant avec une arme et en les aspergeant d’essence, le commando les contraint à prendre la direction de la prison de Domenjod où est incarcéré Juliano Verbard pour viols sur mineurs et enlèvement. L’appareil survole la cour de la prison et Juliano Verbard, son amant Fabrice Michel et Alexin Michel son père se hissent dans l’hélicoptère. L’engin se pose ensuite sur un terrain vague de Sainte-Clotilde et les preneurs d’otage prennent la fuite.
L’envergure du dispositif policier déployé est sans précédent. Des centaines de gendarmes et une cinquantaine d’enquêteurs quadrillent l’île pour retrouver les fugitifs. La Réunion est inspectée jusque dans les coins les plus reculés et c’est toute l’île qui est tenue en haleine par cette cavale. Juliano Verbard devient l’ennemi public n°1. Après dix jours de traque intensive, les fugitifs et leurs complices sont finalement arrêtés dans un petit studio du Moufia le 6 mai, situé, comble de l’ironie, à quelques pas seulement de la prison de Domenjod.
Les victimes :
Yann Morvan, pilote de l’hélicoptère détourné est encore traumatisé par cette expérience. A l’époque, pensant que ses preneurs d’otage veulent perpétrer un attentat terroriste, il prévoit de se crasher volontairement sur des lignes à haute tension, afin d’épargner la vie d’innoncents. Il comprend d’extrême justesse que le véritable dessein de ses bourreaux. Les blessures causées par la peur et par cette intention suicidaire sont encore très vives chez le pilote. Devant la cour, il n’a pu retenir son émotion (cf linfo.re : Les pleurs de Yann Morvan à la barre). Egalement très meurtri par cette prise d’otages, le mécanicien Stéphane Libel -ligoté, frappé et menacé d’une arme dans l’hélicoptère - suit aujourd’hui une formation pour devenir pilote. Une "revanche" selon son avocat.
Les réquisitions :
Au terme d’un réquisitoire de plus de 3 heures, l’avocate générale a donné ses réquisitions pour les 14 accusés de ce procès. Des peines de prison ferme allant de 20 ans de réclusion criminelle, notamment à l’encontre des trois fugitifs, Juliano Verbard, Fabrice Michel et Alexin Michel, à 6 mois de prison ferme à l’encontre de Christiane Mainguet, accusée d’avoir hébergée le groupe.
La stratégie de la défense :
Les plaidoiries des différents avocats chargés de représenter les 14 accusés ont toutes sensiblement suivies la même ligne de défense. Soulignant l’endoctrinement des accusés, chacun des avocats a tenté de minimiser les actes de son client. A plusieurs reprises, les avocats évoquent l’évasion de Ferrara, grande figure du banditisme, pour relativiser la gravité et la violence de celle de Juliano Verbard. Tous estiment que le Ministère public s’est montré beaucoup trop sévère dans ses réquisitions.
Avec la fin de ce procès pour évasion, c’est le dernier volet judiciaire du cas Verbard et de sa secte qui s’est clôturé.