Il y a 90 ans, jour pour jour, le premier avion atterrissait à La Réunion.
En 1909, Louis Blériot traverse la Manche de Calais à Douvres. En 1911, Roland Garros monte à 3 910 mètres et bat le record du monde d’altitude. En 1929, au mois de novembre, un drôle d’oiseau pose ses ailes métalliques sur l’île de La Réunion.
Parti du Bourget le 17 octobre à bord d’un Farman F-192, Goulette fera d’abord une escale le 27 octobre à Tananarive. La raison ? Un problème de fuite d’essence.
Malheureusement, pour les Réunionnais, il faudra encore patienter. Loi de Murphy oblige, d’un problème découle souvent un autre. À Madagascar, le pilote Goulette tombera sérieusement malade. Les Réunionnais guettent toujours le ciel. Un mois et 700 kilomètres plus tard, l’équipage réalise enfin l’ultime étape de sa grande traversée.
Le 26 novembre 1929, après 11 jours de vol réel, l’avion atterrit à Gillot. Sur une piste bordée de filaos et divisée par des poteaux, la foule trépigne d’impatience. Une ambiance festive accueille l’équipage éreinté. Au programme : discours, hymne national et champagne. On embrasse les héros, et la joie du succès se prolonge pendant 4 jours. La Réunion vient de vivre un moment historique : elle est connectée au reste du Monde !
Rapidement, c’est déjà le temps des départs. Et pour quitter ce bout de terre au milieu de l’océan Indien, l’équipage a dû encore braver plusieurs péripéties. Pourtant, la nécessité du retour n’est pas négligeable : il s’agit de relater l’expédition afin de transmettre les détails du voyage. L’enjeu ? Faire l’Histoire. Une fois rentrés en métropole, Goulette, Marchesseau et Bourgeois seront les premiers à réaliser le vol métropole-réunion.
Sur le trajet retour, une tempête de sable encercle Marcel Goulette. Aveuglé, confus, l’aviateur commence à perdre le contrôle de son engin. En dessous de lui, des milliers de kilomètres de dunes s’étendent à perte de vue. Marcel est au dessus du désert infini : Le Sahara. S’il tombe, ses chances de s’en sortir sont infimes. S’il survit à la chute, il s’éteindra à petit feu d’épuisement ou de déshydratation. Quelques années avant Saint-Exupéry, Marcel Goulette s’apprête à vivre sa propre traversée du désert.
C’est là que l’inattendu se produit. Un autre aviateur, Jean Réginensi, militaire d’origine corse, va venir à son secours. De passage dans la zone suite à un raid près de Madagascar, l’aviateur va sauver Marcel Goulette, ainsi que René Marchesseau, l’adjudant-chef, et Jean-Michel Bourgeois, le sergent-chef. Il surgit de nulle part, et rattrape les passagers de l’avion en dérive.
Tout est bien qui finit bien. Les auteurs de l’exploit rentrent, et partagent l’expérience inédite qu’ils viennent de vivre. On rouvre le livre de l’Histoire de l’aviation, et l’on rajoute une belle page. Depuis, les traces de pas se succèdent dans le sillage de l’équipage. L’année dernière, l’aéroport Roland Garros est ainsi devenu le premier aéroport d’Outre-Mer en nombre d’usagers. En 2018, à la suite de Goulette, près de 2,5 millions de passagers ont transité à l’aéroport de La Réunion. 90 ans après le 26 novembre 1929, son exploit retentit toujours, et permet à de nombreux Réunionnais de regarder vers le ciel avec fierté.
Pour aller plus loin : le témoignage du mécanicien sur son arrivée sur l’île
Retrouvez également une exposition à la médiathèque du Tampon autour de trois axes :
• Les dates clés
• Les personnages historiques, pionniers de l’aviation à La Réunion avec des témoignages audio exclusifs recueillis pour la circonstance
• Une maquette de l’aéroport « Roland Garros » à l’échelle 1/ 200e, comportant une vingtaine de modèles réduits d’avions emblématiques, permettant de mieux comprendre les pas de géants réalisés en moins d’un siècle.