Le maire de Nice et ministre de l’Industrie, Christian Estrosi investit le terrain de la lutte contre la délinquance. Il appelle à " une union sacrée " contre l’insécurité et propose " une très forte amende " contre les municipalités qui ne respecteraient pas " leurs obligations de sécurité, de prévention de la délinquance, et de lutte contre l’absentéisme scolaire ".
" Les maires n’ont pas le droit de se défausser lâchement en disant que c’est l’affaire de l’Etat et pas la leur ", a-t-il lancé.
Dans le rang de l’opposition, le message du ministre a du mal à passer. La mise en cause des maires crée l’indignation. Les choses se corsent quand M. Estrosi accuse Martine Aubry de " renoncement " et Michel Destot de ne " rien " faire à Grenoble.
Le PS (Parti Socialiste) s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer ce qu’il considère comme " l’agression gouvernementale ". "Dans les quartiers populaires et les zones rurales en particulier - où les habitants ont subi de plein fouet les dégâts des suppressions d’effectifs de policiers et de gendarmes décidées par le gouvernement -, la mise en cause des élus locaux pour masquer l’abandon d’État est ressentie comme une provocation insupportable et inacceptable", affirment les secrétaires nationaux du PS chargés de la sécurité et de l’industrie, Jean-Jacques Urvoas et Guillaume Bachelay.
Selon ces deux élus socialistes, le ministre Estrosi empiète sur les plates-bandes du ministère de l’Intérieur. "On aimerait que M. Estrosi, plutôt que de jouer les cow-boys de mauvais westerns pour tenter de devenir ministre de l’Intérieur lors du prochain remaniement (...) se consacre à 100% à sa mission actuelle : être un ministre de l’Industrie digne de ce nom. Il en est malheureusement très loin", martèlent-ils.
Comme on s’y attendait, les critiques fusent de partout. " L’insécurité progresse, mais c’est la faute aux autres ! ", ironise le secrétaire national du PS Christophe Borgel. Pour sa part, l’ancien ministre Martin Malvy dénonce un " geste de violence " à l’égard des élus municipaux. " En tirant sur les maires, Christian Estrosi commet à leur égard un geste lui-même de violence ", lance-t-il.
Même au sein de la grande famille UMP, la nouvelle mesure n’est pas du goût de tout le monde. Des voix discordantes commencent à s’élever pour protester contre la mise en cause des maires. " Il faut arrêter de les stigmatiser ", déclare, par exemple, le député Marc Laffineur, chargé des élus à l’UMP.
"Christian Estrosi a le mérite de dire tout haut ce que la population constate de près", estime Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis et maire du Raincy, au nord de Paris.
"La sécurité est un besoin populaire et la gauche l’utilise comme un gros mot car, sur ce thème, elle a souvent baissé les bras", ajoute-t-il dans un communiqué.