Les syndicats de police de La Réunion ont entendu les annonces faites hier soir par Jean Castex. Des mesures qui prouvent une volonté d’apporter une solution certes, mais qui reste cependant insuffisante selon eux.
Hier soir, Jean Castex a annoncé un durcissement des peines à l’encontre des agresseurs de policiers ou de gendarmes.
Une mesure saluée par les syndicats de police de La Réunion, qui restent cependant mitigés.
Contacté ce matin, Gilles Clain, secrétaire départemental de SGP Police FO se dit mitigé. "On ne peut pas dire que le Premier ministre n’a pas la volonté de régler le problème. On sent une réelle volonté d’apporter des solutions, mais il n’y a rien de concret dans ce qui a été annoncé par Jean Castex à la sortie de cette réunion."
Pour rappel, le Premier ministre a annoncé hier soir un durcissement des peines contre les agresseurs de policiers ou de gendarmes.
"Rien n’a été obtenu mais par contre il y a des pistes intéressantes qu’il faudra attendre, comme la création d’un délit spécifique contre les auteurs de violences envers les forces de l’ordre."
Même scepticisme du côté d’Alliance Police Nationale. "Entre ce qui est annoncé et la loi qu’on va vouloir faire apparaître il peut se passer des fois des mois voire des années", indique Idriss Rangassamy. "Nous ce que l’on veut c’est que ça aille vite et que dans les semaines prochaines le texte soit revu concernant les peines plancher. Car il y a trop d’impunité entre la peine encourue et la peine prononcée. Pour nous, il est hors de question qu’on ne mette pas ces gens en prison. On a généralement des mineurs non punis et qui n’ont que des réprimandes. Cela laisse libre court à des actions plus importantes de leur part. On demande donc des peines incompressibles envers les agresseurs des policiers, gendarmes, pompiers et enseignants. Il est hors de question qu’on laisse ces délinquants en toute impunité et devenir les stars des quartiers."
"Nous ce que nous voulions, c’est une réponse pénale forte et ferme pour les individus qui s’attaquent aux policiers et une systématisation de la peine. Tout individu doit systématiquement aller en prison", rajoute Gilles Clain.
"Aujourd’hui, pour nous, la peur doit changer de camp. Les voyous n’ont plus peur d’aller au tribunal car au final il n’y a pas de peine ou ils sortent plus tôt. Aujourd’hui il faut qu’ils aient peur de s’attaquer aux policiers ou aux gendarmes car derrière il y aura de la prison ferme. Et peut-être que nous au niveau de la procédure ça règlera des dossiers. Et ça lancera un signal fort aux jeunes qui veulent se lancer dans la délinquance", explique Idriss Rangassamy d’Alliance Police Nationale.
Jean Castex a également annoncé que chaque parquet devra désigner un référent responsable de l’amélioration de la réponse pénale lorsque l’agression concerne un policier ou un gendarme.
"C’est une bonne chose", souligne Gilles Clain de SGP Police FO. "Mais pour cela il faut donner les moyens à la justice. Il faut faire un travail en amont sur la protection des policiers et donner les moyens à la justice de mettre en place cette cohérence judiciaire."
À La Réunion, chaque semaine, 1 à 2 policiers sont blessés. "Il y a une recrudescence des violences car la société devient de plus en plus violente et que les actes restent trop souvent impunis. C’est pour cela qu’il faut mettre en place une réponse pénale ferme et forte pour dissuader tout individu de s’en prendre à un policier."
Le syndicaliste pointe également du doigt le manque de moyens. "On manque totalement de moyens humains. Les renforts qu’on a eus ces dernières années sont insuffisants car la délinquance continue à augmenter et les missions confiées ont explosé.
Les policiers en ont marre de la parole politique et on attend réellement des actes, qu’on reconstruise le statut de policier et qu’on nous offre protection et reconnaissance", conclut Gilles Clain. Même conclusion pour Alliance, "aujourd’hui il faut passer à l’action, on en a marre de payer à fort tribu. Il faut arrêter le blabla et mettre du concret."