En 2011 et 2012, au lycée Mahatma-Gandhi à St-André, un professeur de mathématiques a tenté de mettre fin à ses jours dans l’enceinte de l’établissement suite à des faits de harcèlement moral de la part de sa hiérarchie. Le proviseur adjoint, à l’époque des faits remontant à 2008, a été reconnu coupable, hier, par le tribunal de Champ-Fleuri.
Il y a plus de dix ans, un professeur de mathématiques avait tenté de mettre fin à ses jours à deux reprises (en 2011 et 2012) dans l’enceinte du lycée Mahatma-Gandhi à Saint-André. Victime de harcèlement de la part du proviseur-adjoint de l’époque, il s’était ouvert les veines avec un cutter.
Tout commence à la rentrée scolaire de 2005. Le professeur de maths vient d’intégrer l’établissement. À ce moment-là, il entretient une très bonne relation avec ses supérieurs. L’adjoint le qualifie même de professeur dévoué et très sérieux.
Les choses vont commencer à se détériorer en 2007-2008. Un nouveau proviseur intègre l’établissement. Par son implication syndicale, le proviseur-adjoint prend alors une place plus importante dans la direction. Il proposera notamment la suppression de certaines "heures sup" réservées aux professeurs. L’enseignant entamera une procédure judiciaire pour s’y opposer. Le début de ses problèmes...
Favoritisme au sein de l’établissement
Selon plusieurs de ses confrères du lycée, l’adjoint faisait du favoritisme envers ceux qui allaient dans son sens. Il proposait de meilleurs emplois du temps et comptabilisait des "heures sup" pour certains collègues.
Celui-ci s’est justifié ainsi à l’audience : "On avait déjà tous déjà travaillé ensemble dans un ancien lycée. J’avais plus d’affinités avec eux, mais je ne faisais pas de traitement de faveur...". Une affirmation battue en brèche, hier, par la défense.
Harcèlement moral et problèmes avec les élèves
Plusieurs enseignants disent également que l’adjoint passait son temps à critiquer le professeur. Il se comportait comme "un petit chef". Pour d’autres, c’est le professeur de mathématiques qui était difficile et qui voyait le mal partout. D’autres enseignants aurient aussi été victimes de ces moqueries.
Autre fait apporté aux débats, après s’être fait insulté par une élève, le professeur l’envoie chez la CPE (épouse du proviseur adjoint). La CPE demandera à l’élève un rapport écrit pour avoir sa version des choses. C’était en 2009-2010. Son conjoint demandera à d’autres élèves d’écrire des rapports dans lesquels il demande de dire "Tout ce qui ne va pas chez le professeur de mathématiques".
Aujourd’hui principal dans un collège, l’ancien adjoint appliquerait les mêmes méthodes...
"Je suis considéré comme un fou dangereux par un tribunal officiel"
Après une première tentative de suicide en 2011, le professeur avait été placé en congés maladie longue durée. Dès son retour en classe, en 2012, l’enseigna avait réitéré son geste. Il dira à l’adjoint : "Regardez, monsieur le proviseur adjoint, ce que vous avez fait !".
Considéré comme un danger, le proviseur avairt saisi le tribunal. L’enseignant dépressif avait alors été exclu à vie de son établissement. Peu de temps après, le conseil d’administration avait demndé son placement dans un institut. Toujours sous le choc aujourd’hui, le professeur lâche : "Je dois être le seul fonctionnaire de la Vᵉ république dont on a demandé un internement !".
Une étude présentée à l’audience a validé ses propos. Celle-ci attestant que l’adjoint aurait falsifié plusieurs documents lors de la procédure judiciaire en usurpant l’identité du proviseur. À l’époque, l’adjoint disait que le professeur avait tenté de se suicider car : "Il m’avait insulté la veille, il voulait sûrement me faire culpabiliser...". Il ira même jusqu’à dire que le professeur avait trouvé une combine pour abuser des congés maladie.
Le tribunal de Champ-Fleuri a écarté les moyens de défense. L’ancien adjoint a été reconnu coupable de harcèlement moral. Il écopera de 12 mois d’emprisonnement, assorti de deux ans de sursis probatoire. Il devra par ailleurs respecter une injonction de soin fin de prendre conscience de ses agissements. Le professeur de mathématiques exerce à présent dans un autre lycée de l’Est.