Originaire de Mayotte, mais ayant grandi à la Réunion, Julia Daka est une architecte, designer et une mannequin passionnée. "Partie au départ de rien" et portant son rêve qu’elle a réalisé, elle raconte son parcours sur LINFO.re.
Née à Mayotte, d’une mère mahoraise et d’un père réunionnais et anjouanais, Julia Daka est arrivée à la Réunion à l’âge de 5 ans, dans un "bidonville" du Port. Elle explique que déjà à cette époque, sa forte personnalité lui valait un comportement difficile à canaliser : "À l’école, je n’étais pas une bonne élève, j’étais très dissipée. Je signais les documents moi-même sans demander l’avis de ma grand-mère", explique-t-elle.
L’architecture ne l’a pas toujours intéressé. La jeune passionnée de sport raconte qu’à 13 ans, elle s’inscrit innocemment à une formation d’arts, sans s’attendre que "cela puisse changer sa vie". C’est alors qu’une toile de Picasso a attiré son attention :"La toile m’a beaucoup plu d’un coup. Une de mes professeures l’avait remarqué, elle m’avait prêté un livre sur l’architecture du XXe siècle et m’a accompagné sur cette voie. J’en ai fait mon rêve". Cependant, avec son niveau scolaire, peu de professeurs l’ont soutenu.
Après son baccalauréat professionnel "Technicien du Bâtiment option architecture", Julia Daka, cherchant un moyen de financer ses études, est repérée par un photographe d’une agence de mannequins, ici sur l’île. Une carrière qui a continué à Paris, où elle fut également repérée par un grand photographe. Ce qui lui faudra, le "titre" de la première Mahoraise à faire une couverture de magasine international et à défiler à la Fashion Week. "Aujourd’hui, je suis fière d’avoir porté les drapeaux réunionnais et mahorais avec moi pendant ces évènements", exprime-t-elle.
La jeune femme, animée par sa passion, a intégré une école d’architecture parisienne où elle fut diplômée d’un double master en architecture en 2019. Elle s’est ensuite envolée pour la Suisse afin de travailler dans une entreprise de design très connue.
Durant la crise sanitaire, elle donne vie à un projet qui lui tenait à coeur : une association, nommée SADAKA, qui donne aux enfants de défavorisés de Mayotte l’accès à l’éducation et aux arts, entre autres. "Quand on regarde les grandes personnalités qui inspirent les jeunes aujourd’hui, beaucoup n’ont pas eu leurs chances, mais elles s’en sont créées. Moi, j’ai envie de permettre aux jeunes d’avoir des opportunités et de les saisir. Vous devez vous baser sur les opportunités, si vous avez la possibilité de gagner votre vie exactement de ce dont vous rêvez, vous devez le poursuivre, à ce moment-là. Si l’opportunité n’existe pas, continuez à vous éduquer autant que possible. Alors le moment venu, tu seras encore meilleur dans ce rêve que tu as eu", termine-t-elle.
Gaëlle LHONNEUR