Poseurs de bombes pour l’Etat islamique, trois détenus témoignent en exclusivité pour TF1. Ils ont avoué avoir commis des dizaines d’attentats et tué des centaines de civils ces derniers mois.
Jusque-là seule la chaîne américaine CNN avait eu l’occasion d’aller à la rencontre des policiers d’élite de la brigade antiterroriste de Bagdad, caserne de la 7ème brigade. Mais dans sa dernière édition, Sept à Huit a pu aller à la rencontre de trois poseurs de bombe de l’Etat Islamique aujourd’hui détenus par les forces irakiennes. Ces derniers, se disant repentis, ont témoigné exclusivement pour l’équipe française. Un à un, ils sortent de leur cellule, bandeau sur les yeux, poignets menottés et accompagnés d’un garde armé. Les détenus confient
Abou Abdallah, adjoint de l’émir à Bagdad
Agé de 40 ans, Abou Abdlahh était engagé sous AL-Qaïda en 2013 puis par l’Etat islamique quelques années plus tard grâce "à des relations", raconte-t-il aux journalistes. "J’ai rencontré des généraux de l’EI puis je suis devenu adjoint de l’émir à Bagdad", confie-t-il. Sa mission : répartir des explosifs entre les membres de l’EI vivant dans la capitale irakienne. "Des explosifs venaient de Falloujah", explique Abou Abdallah qui devait les garder avant de les redistribuer. "Tout le monde a le droit de connaître la vérité. Je crois que c’est bien de témoigner", estime Abou Abdallah. Il serait responsable de dizaines d’attentats dont celui de juillet 2014, particulièrement meurtrier.
Abou Sadjad, responsable d’une vingtaine d’attentats
A tout juste 22 ans, Abou Sadjad a déjà une "carrière" bien remplie. Chef d’une cellule de cinq personnes, il serait responsable d’une vingtaine d’attentats ayant fait près de 200 morts. Abou Sadjad résidait à 50 km de Bagdad, à Falloujah. Il raconte : "quand une attaque était prévue, quelqu’un venait la veille pour donner les ordres. Le lendemain, une voiture était livrée avec les instructions, notamment sur la route à prendre".
Il explique que pour éviter d’être pris lors des passages aux checkpoint, il avait entre les mains deux documents, "des fausses cartes officielles fournies par l’EI". Une fois sur place il garait puis la faisait exploser, "puis je déclenchais l’explosion avec mon portable", confie le jeune homme. Aujourd’hui, il dit qu’il n’a plus peur de la mort et "demande juste le pardon de Dieu et de ma famille".
Le troisième entretien concernait Abu Zanouaib, qui s’est radicalisé à la prison d’Abu Ghraib. "Moi, avant la prison je ne priais pas", explique-t-il, "mais avec leurs explications, j’ai été convaincu". Pour lui, c’est simple, "on ne devait laisser aucun infidèle vivant".
Les trois hommes disent ne plus croire à l’EI. Ils n’ont pas encore été jugés. Jusqu’à présent, tous les terroristes arrêtés et jugés en Irak, ont été condamnés à la peine de mort.