L’inceste est un fléau qui reste encore un tabou en France. Pourtant, selon une étude de l’institut Harris Interactive, quatre millions de Français se disent victimes d’inceste, soit 6% de la population.
Pour les victimes, l’inceste est une dure réalité dont le traumatisme laisse souvent des marques à vie. En France, quatre millions de personnes auraient déjà subi des attouchements ou agressions sexuelles de la part d’un proche parent. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par l’institut Harris Interactive fin novembre. Les résultats ont été dévoilés par l’Association internationale des victimes de l’inceste (AIVI), et publié dans Le Figaro ce mercredi.
Quatre millions de victimes, c’est 6% de la population détaille l’étude. Une proportion qui monte à 9% chez les femmes. Isabelle Aubry, présidente fondatrice de l’Association internationale des victimes de l’inceste (AIVI), a confié sur RMC : "en 2009, il y avait deux millions de victimes d’inceste selon notre sondage Ipsos". Cela signifie selon elle que "la parole se libère". Les victimes ne se cachent plus et osent affronter leur douleur, constate la présidente de l’association.
Isabelle Aubry avance un autre chiffre, tout aussi inquiétant : "75% des agressions sexuelles sur mineur interviennent dans le cadre familial alors qu’on a l’impression que le danger vient de l’extérieur. Mais non, il est au sein de la famille". Elle ajoute aussi que "27% des Français connaissent au moins une victime d’inceste". Malheureusement, face à ces chiffres inquiétants, "aucune enquête en profondeur sur l’inceste en France" n’a été réalisée, regrette la présidente. "Les seuls chiffres que nous ayons sont les nôtres", affirme-t-elle.
Il serait ainsi primordial de prendre en charge ces victimes d’inceste et de prendre des mesures plus concrètes pour en finir avec ce fléau. Isabelle Aubry explique que le quotidien des personnes victimes d’inceste est stigmatisé à vie que ce soit au niveau de la santé, des études ou du travail. Elle affirme qu’une victime sur deux tente de se suicider au moins une fois dans sa vie. "Les traumatismes peuvent tuer même cinquante ans après les faits !", affirme-t-elle.
"Il y a donc vraiment des mesures à prendre, insiste la présidente de l’AIVI. On a fait un plan cancer, un plan diabète, un plan autiste… Il faut donc faire un plan inceste", insiste-t-elle. Grâce à l’action de son association, l’Assemblée nationale vient de voter l’insertion de l’inceste dans le Code pénal, qui en avait été retiré après la Révolution française.
Une enquête réalisée en ligne les 28 et 29 octobre 2015 auprès d’un échantillon de 929 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.