Ou contre une bonne partie de La Réunion, du moins. La bourde de la chroniqueuse de D8 a créé un véritable raz-de-marée dans l’île. Réunionnais comme élus ne cautionnent pas les propos tenus sur la crise requin.
Emilie Albertini doit avoir les oreilles qui n’en finissent plus de siffler. Après avoir déclaré sur D8, le 14 mars, dans l’émission "Est-ce-que ça marche ?", que la crise requin à La Réunion était due aux "carcasses de moutons et de vaches" rejetés au large de l’île, la chroniqueuse a créé un cataclysme.
Après son explication quelque peu farfelue, Émilie Albertini s’était pourtant excusée via Twitter. Un mea culpa qui n’a pas fait redescendre la pression, bien au contraire. Mercredi, l’ancienne présentatrice d’une émission de mode sur M6 a tenté de se justifier, étonnée de l’ampleur prise par ces quelque 20 secondes d’antenne. La polémique est toutefois allée trop loin.
Clichés sur les blondes, menaces de mort, insultes. J’ai tout bien lu, merci et vous prie de m’excuser pour cette info erronée.
— Emilie Albertini (@EmilieAlbertini) March 19, 2014
Insultes et menaces de mort
Sur la toile, les commentaires n’ont cessé de pleuvoir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les internautes n’ont pas fait dans la dentelle. Propos haineux, insultes, clichés. Un commentaire lâché - basé sur des informations erronées, certes - innocemment, valait-il autant de réactions acerbes ?
Émilie Albertini met sa bavure sur le coup d’un humour mal compris. "Merci d’avoir compris ce trait d’humour pour détendre l’atmosphère", tweetait-elle au compte @ReunionTourisme, suite à l’évocation de manger du "cari poulet toute la semaine", pour se faire pardonner. Le "trait d’humour" est resté coincé, comme un os en travers de la gorge.
Les réactions des élus n’ont pas tarder à faire leur apparition. "Les propos tenus par Émilie Albertini sont scandaleux. Elle doit s’excuser", lançait Thierry Robert dans un communiqué. Le député-maire - dont la commune a été directement touchée par la crise requin, avec l’attaque mortelle d’Alexandre Rassiga, le 23 juillet 2012 à Trois-Bassins - "condamne fermement ces propos qui sont absurdes, blessants et sans aucune fondement !".
La déontologie pointée du doigt
Dans cette affaire, deux sujets blessent. En première ligne, le tourisme réunionnais. Déjà entaché par la crise requin et la chute des fréquentations touristiques, l’île subit, malgré elle, un nouvel affront. Thierry Robert rappelle notamment "la place qu’occupe le tourisme dans l’économie réunionnaise et les dégâts que peuvent avoir ces paroles mal inspirées".
Des paroles mal inspirées qui ont suscité également une vive réaction de la part de la Région Réunion. Didier Robert pale d’une "désinformation caractérisée qui en plus d’insulter la population réunionnaise, porte atteinte à l’image de cette région française d’outre-mer et à son économie dont le tourisme est le 2ème secteur d’activité".
Derrière le fond, se cache la forme et le cadre dans lequel ont été tenus ces propos. Si l’émission de divertissement de la chaîne montante du câble ne se veut en rien une émission d’investigation, la déontologie de la chroniqueuse ont été remise en question.
Les élus réclament des excuses "sincères"
Pour le député-maire de Saint-Leu, Émilie Albertini "ne fait pas honneur à son métier". Didier Robert, de son côté, demande à ce que l’information "ne soit pas perverti par la tentation de faire du sensationnel".
Nassimah Dindar, présidente du conseil Général, s’est exprimée via Twitter en évoquant un "grand émoi" dans l’île suite à l’intervention de la chroniqueuse sur le plateau de l’émission présentée par Ariane Massenet.
@EmilieAlbertini gd émoi à #LaReunion suite à vos propos. excuses sincères seraient 1 min. Si ça avait été la #Corse aussi mal traitée ?
— Nassimah Dindar (@NassimahDindar) March 19, 2014
Le président de la Région a quant à lui indiqué douter "que ses excuses constituent une réelle et juste réparation du préjudice subi par les milliers d’entreprises qui vivent du tourisme et qui dépendent de l’image de la destination trop souvent maltraitée par certains médias".
Jacqueline Farreyrol, présidente de l’IRT (Ile de La Réunion Tourisme) a également réagi : "Ce genre de critiques infondées annihile le travail d’envergure entrepris par l’ensemble des acteurs du tourisme réunionnais que nous soutenons ardemment dans cette période critique, notamment les professionnels de la filière mer. Nous ne laisserons pas ces détracteurs abimer l’image de notre île et demandons réparation".
Tous attendent à présent les excuses publiques de la chroniqueuse. Pas sûr cependant qu’elles puissent calmer le jeu et faire désenfler la polémique. "Essayez de passer à autre chose", conseillait Émilie Albertini à ses détracteurs. Si elle semble être actuellement dans l’oeil du cyclone, reste à savoir comment la jeune femme négociera les suites de la tempête.