Redouté et controversé, Jacques Vergès a marqué l’histoire de son métier. La profession a salué cet avocat en évoquant un "chevalier" de la défense "courageux". A La Réunion, l’émotion est grande pour ses confrères.
Médiatique et très controversé, Jacques Vergès est décédé jeudi 15 août d’un arrêt cardiaque à Paris, à l’âge de 88 ans. Au niveau national, la profession a salué cet avocat du barreau de Paris en évoquant un "chevalier" de la défense "courageux" et "indépendant", un "géant" parfois engagé "du mauvais côté".
A La Réunion, l’émotion est grande pour les avocats qui l’ont connu. "J’ai eu l’occasion de plaider contre lui à l’occasion de l’affaire Bacar en 2008. Nous avons été informés que Jacques Vergès viendrait défendre le colonel Bacar et à l’époque, j’avais été très impressionnée de plaider contre cet avocat. Mais c’était un homme tout à fait courtois" explique Maître Cécile Bentolila.
Maître Rémy Boniface a également rendu un vibrant hommage à Jacques Vergès. Interrogé ce matin sur Antenne Réunion Radio. "Je voudrais d’abord exprimer une pensée très fraternelle et très affectueuse à Paul Vergès qui a perdu en neuf mois son épouse Laurence, et son frère de toujours puisqu’ils ont été élevés tous les deux comme des frères jumeaux (...). Nous perdons un avocat hors du commun par sa conscience, son intelligence et son courage" a déclaré Maître Rémi Boniface ce matin, en direct sur Antenne Réunion Radio.
Le très médiatique "avocat de la terreur" défendait des "clients indéfendables". "Rien ne lui faisait peur" assurent ses proches et il se plaisait à dire qu’il aurait pu défendre Hitler. Surnommé "l’avocat de la terreur", Jacques Vergès avait notamment défendu le criminel de guerre nazi Klaus Barbie, le "révolutionnaire" vénézuélien Carlos, l’activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, le dictateur yougoslave Slobodan Milosevic ou encore l’ancien dirigeant Khmer rouge Kieu Samphan.
Le frère de Paul Vergès a quitté La Réunion à l’âge de 17 ans pour s’engager dans la Résistance. "Oui, j’ai aimé la guerre, sans m’en cacher, et me suis efforcé de participer à toutes celles que notre temps offrait à l’impétuosité de ma jeunesse", écrivait-il.