Une femme de 52 ans, mère de deux enfants et connue des services sociaux, s’est immolée par le feu hier matin dans les locaux de la mairie d’Hazebrouck (Nord).
La victime, souffrant de brûlures au troisième degré, a été plongée dans un coma artificiel.
Cette habitante d’Hazebrouck, visiblement en situation de détresse sociale, s’est présentée au premier étage de l’hôtel de ville pour rencontrer le maire dans son bureau lors de sa permanence. La femme, "vêtue d’un survêtement en nylon, un tissu très inflammable", s’est ensuite aspergée d’essence et s’est immolée par le feu. En proie à l’embrasement, elle s’est jetée sur le maire, a raconté la mairie. L’élu, qui a été légèrement brûlé, l’a repoussée dehors, vers le couloir, où un adjoint a tenté d’éteindre les flammes avant l’arrivée des secours.
Ce drame a eu lieu lundi 29 octobre peu après 11 heures. "Ce matin, (la victime) a demandé une audience à M. Allossery dans le cadre de sa permanence. Cinq minutes plus tard, elle aurait évoqué le besoin de boire et elle a pris dans son manteau une bouteille d’eau en plastique et elle s’est aspergée de ce liquide sur elle, qu’elle a enflammé", a rapporté lundi le procureur de Dunkerque Philippe Muller. "Elle s’est ensuite jetée sur le maire, semble-t-il par réflexe, brûlant légèrement l’élu au cou et sur une main ", a ajouté le procureur.
Selon le procureur de Dunkerque, cet acte désespéré ne visait pas particulièrement le député-maire de gauche Jean-Pierre Allossery. "M. Allossery n’a jamais eu de menaces de mort, même pas de menaces de violences. Ce n’est pas M. Allossery qui était visé par ce passage à l’acte", a estimé le procureur. D’après lui, ce geste traduit "un appel à l’aide" d’une personne "a priori en souffrance".
Souffrant de brûlures au troisième degré, la mère de famille a été admise lundi après-midi au service des grands brûlés de Lille, où elle a été placée sous coma artificiel, comme il convient de faire en cas de brûlures aussi graves. La victime a été brûlée sur environ 70% du corps. Les secours ont évoqué un "pronostic très réservé avec une brûlure profonde sur une grande surface".
Après l’incident, le maire, s’est dit "en état de choc". "C’est horrible", a-t-il déclaré. "J’ai été brûlé un tout petit peu, ce n’est pas énorme. Je n’ai pas dû être hospitalisé. Mais c’est surtout la personne qui s’est immolée devant moi...", a-t-il ajouté.
Le premier adjoint, Didier Tiberghien, qui a secouru la victime dans le couloir de la mairie a affirmé avoir vécu une terrible scène, en voyant "une dame enflammée comme une torche qui sortait du bureau et qui m’appelait à l’aide ’Aidez-moi monsieur, aidez-moi monsieur’".
La quinquagénaire, mère de deux grands enfants, était prise en charge "depuis longtemps" par les services sociaux, selon la mairie d’Hazebrouck. Par le passé, elle s’était déjà enchaînée sur un bâtiment. Elle aurait également eu des problèmes avec son voisinage.
La désespérée, connue des services de police mais sans antécédent judiciaire, "entretenait des relations difficiles et conflictuelles avec le voisinage. C’étaient des problèmes a priori anodins, des problèmes de menaces, d’injures qui prenaient pour elle une dimension importante et peut-être disproportionnée par rapport à la réalité", a relaté le commandant Thierry Courier, chef de la circonscription de police d’Hazebrouck.
Après cette immolation, le parquet de Dunkerque a ouvert une enquête préliminaire pour "recherche des causes des blessures graves".
Source : Europe 1