Les pro-éoliens ont marqué un point avant même le début de l’examen de la loi Grenelle 2 sur l’environnement mardi, avec la proposition de retrait d’une disposition contestée sur l’éolien, imposant un seuil minimum de 15 MégaWatts de puissance pour les nouvelles implantations.
PARIS (AFP) - Les pro-éoliens ont marqué un point avant même le début de l’examen de la loi Grenelle 2 sur l’environnement mardi, avec la proposition de retrait d’une disposition contestée sur l’éolien, imposant un seuil minimum de 15 MégaWatts de puissance pour les nouvelles implantations.
Ce point était vivement critiqué par la filière et aurait eu "pour conséquence directe l’abandon de plus de la moitié des projets en cours de développement", selon la Fédération des industries mécaniques.
Un amendement supprimant cette mesure a donc été déposé "parce que j’ai bien compris que c’était une pomme de discorde", a déclaré à l’AFP le président UMP de la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, Patrick Ollier.
Le nouveau texte sera voté formellement mercredi en commission et devrait être confirmé jeudi dans l’hémicycle.
A la tête d’une mission de l’Assemblée nationale sur l’éolien, M. Ollier avait formulé fin mars plusieurs recommandations, dont le seuil des 15 MW, pour éviter le "mitage", c’est à dire la dissémination des éoliennes sur le territoire.
Elles avaient été reprises dans des amendements votés en commission à l’Assemblée.
Pour les pro-éoliens, ces nouvelles règlementations risquaient de provoquer un coup d’arrêt brutal au développement de la filière qui emploie 10.000 personnes et pourrait créer 50.000 emplois d’ici 2020.
Mardi, ils étaient plusieurs milliers à manifester à Paris, brandissant des pancartes "Eoliennes abandonnées, Grenelle au rabais" ou "Nous préservons la planète, préservez nos emplois".
Le matin, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno avait pris leur parti sur LCI : "J’ai toujours été très réservée sur ces dispositions qui freinent l’éolien (...). 4.000, 4.500 mâts supplémentaires en France, ce n’est pas dramatique", jugeait-elle.
L’objectif fixé lors du Grenelle de l’environnement vise 23% d’énergie renouvelable en 2020 et 25.000 MW de puissance (éolien) installée à cette date. Environ 6.000 nouveaux mâts devront venir s’ajouter aux quelques 3.000 déjà installés.
Une autre disposition perdure cependant, imposant un minimum de 5 mâts par nouveau site est maintenue. "Je suis contre la dispersion anarchique des éoliennes. Du moment que les installations ne font pas moins de 5 mâts, cela limite le mitage", selon M. Ollier.
"Sur le plancher des 15 MW, apparemment on devrait échapper au pire", a estimé le président du Syndicat des Energies Renouvelables (SER), André Antolini, reçu en fin de matinée avec une délégation de représentants de la filière éolienne au ministère de l’Ecologie.
"C’est difficile de dire qu’on est content quand même (...). Une grande victoire aurait été d’obtenir satisfaction sur tous les sujets de préoccupation", a-t-il ajouté.
A cet égard, Arnaud Gossement, du réseau Environnement et droit, estime que le recul sur les 15MW est "un non événement". "Une éolienne, en moyenne, c’est 4, 5, 6 MW : il y a donc toujours un seuil minimal".
Un autre article fait hurler les partisans de la filière : il préconise d’appliquer aux éoliennes le régime des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), qui rendrait plus complexes les procédures d’autorisation en les soumettant aux mêmes critères qu’un site industriel dangereux.
Les députés du Nouveau Centre entendent demander la suppression de cette disposition qui équivaudrait, selon le président du groupe François Sauvadet, à "mettre un coup d’arrêt à l’éolien".
