"Une sociologie du personnel qui présente des faiblesses" une phrase du rapport de l’inspection générale de la justice, concernant les gardiens de prisons originaires des ultramarins qui sont mutés en Métropole. Des propos qui ne passent pas chez les principaux concernés.
Les surveillants stagiaires ultramarins, seraient plus corruptibles dans les prisons hexagonales. C’est ce qu’indique un récent rapport de l’inspection générale de la justice.
Un paragraphe qui fait gronder la colère des surveillants d’Outre-Mers travaillant dans les pénitenciers nationaux et celle des élus comme Cédric Boyer secrétaire général local FO justice au centre pénitentiaire de Fresnes qui juge ces mots comme "inacceptables".
Jean-Hugues Ratenon, député de la Réunion a également réagit à ce sujet et demande à ce qu’une enquête soit menée. Comme l’indique dans un communiqué du député, voici un extrait du rapport de l’Inspection de Fonctionnement du centre pénitentiaire de Fresnes, en page 144, suite au décès de Mr Dorotéio Sanha (rapport établi en mai 2022) : "Une fragilite des ressources humaines insuffisamment prise en compte. Une sociologie du personnel qui présente des faiblesses. Comme dans les autres établissements pénitentiaires de la région Tie-de-France, la population des personnels du CP de Fresnes se caractérise par sa jeunesse ou sa faible ancienneté dans le grade occupé. Chaque année, l’établissement connait principalement des départs en mutation compensés par l’arrivée, pour l’essentiel, de stagiaires, tout grade confondu pour le personnel de surveillance comme pour le personnel de direction. Ce phénomène atteste du peu d’attractivité de ce CP et d’un tum-over élevé, défavorables a l’etablissement. De plus, l’affectation en grand nombre de stagiaires ultramarins pose des difficultés d’isolement social ou a rebours de tentation communautaire et d’acculturation. Le risque de repli communautaire a été souligne par le CE, comme celui de corruption dans le face-à-face défavorable aux jeunes personnels avec des personnes détenues en terrain conquis du fait de leur ancrage delinquantiel et de leur solidité financière. " Ainsi, "c’est après avoir pris connaissance de ce rapport que le député Jean Hugues RATENON et le député Perceval GAILLARD se rendront à la prison de Fresnes, demain mercredi 21 juin 2023 à partir de 10h. Ils visiteront l’établissement et verront les conditions de travail notamment des ultramarins", précisent les élus dans le communiqué.
Du côté de La Réunion, Vincent Pardoux, secrétaire régional de FO-Pénitentiaire se dit "scandalisé" par de tels propos : "Ils associent les ultramarins à des communautaristes."
Vincent Pardoux évoque aussi le contraste entre la réalité du terrain et ce qui est écrit dans le rapport : "Il faut savoir que que l’outre-mer joue un rôle important dans le recrutement de personnel de prison. C’est une source, explique-t-il, mais ces propos stigmatisants peuvent freiner les recrutements."
En métropole dans la prison du Fresnes, Cédric Boyer et les autres membres du personnel ultramarins, attendent avec impatience la visite du député de la Réunion Jean-Hugues Rattenon.
"Nous allons évoquer avec lui les propos tenus dans ce rapport en premier lieu. Puis nous parlerons de d’autres sujets comme l’absence de structuration dans les prisons des Outre-Mers."
Et comme son homologue à la Réunion Cédric Boyer alerte sur la difficulté de recrutement : "Seulement 20% des personnes inscrites pour le concours se sont présentées. Si on continue d’associer une appartenance ethnique à la corruption, il n’y aura de moins en moins de personnel venant des DOM."
A la prison du Fresne, le personnel originaire des DOM est aussi "choqué" et menace de "bloquer" la prison.