Un Franco-Algérien et une Tunisienne, surpris par la police alors qu’ils auraient été en train de s’embrasser dans leur voiture, ont été condamnés pour "atteinte à la pudeur".
Un couple accusé de se comporter de façon indécente dans une voiture près de Tunis, a été arrêté puis condamné à de la prison pour "atteinte aux bonnes mœurs" et "outrage à un fonctionnaire", a indiqué jeudi leur avocat. Les deux prévenus ont démenti les faits qui leur sont reprochés, reconnaissant seulement avoir bu deux bières et discuté ensemble dans la voiture près de la mer. Ils ont fait appel du jugement.
Ce cadre d’une société agroalimentaire de Marseille a habité plus de huit ans dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Manosque, où vivent encore aujourd’hui sa mère et ses amis. Ce trentenaire est de nationalité franco-algérienne. Il avait "pris quelques jours de congés pour aller rejoindre des amis en Tunisie et faire la fête", raconte par téléphone au Dauphiné sa mère, Leila Haouala.
Mercredi, Nessim Ouadi a été condamné à quatre mois et demi de prison ferme par la justice tunisienne. Il lui est reproché d’avoir eu un comportement indécent avec une amie tunisienne, vendredi 6 ocotobre à Tunis. Celle-ci a quant à elle écopé de trois mois fermes. pour "atteinte à la pudeur", "refus d’obtempérer" et "état d’ébriété sur la voie publique".
L’avocat du Franco-algérien, Me Ghazi Mrabet, a donné plus de détails sur cette affaire dans un post publié sur son compte Facebook, jeudi 5 octobre. "Ils s’arrêtent rapidement pour discuter sur la route touristique de Gammarth. Au bout de deux minutes, une voiture de police arrive. Les flics leur demandent leur pièces d’identité. Elle prend son sac. Elle remet sa carte d’identité. Le Franco-algérien ne parle pas un mot en arabe. Son passeport est dans sa valise dans le coffre arrière. Les policiers lui crient dessus de suite, l’insultent et le font descendre de force. Il leur remet son passeport. Ils fouillent ses bagages puis la voiture partout même en dessous des tapis", a-t-il raconté. Le couple a été ensuite ramené au poste de police et relâché après 20 minutes. Le jeune homme, qui pensait porter plainte contre l’agent et en parler à son ambassade, a fini lui et son amie par signer un PV sous le coup de la menace, raconte l’avocat.
L’"affaire du bisou" prend de l’ampleur en Tunisie. Pour protester contre l’incarcération de Nessim Ouadi et de son amie, Raouf El-May, un député tunisien indépendant, a diffusé le 6 octobre sur Facebook une photo de lui sur laquelle il embrassant son épouse. Il a légendé le cliché avec un message adressé au président tunisien Béji Caïd Essebsi : "Dans quel commissariat me rendre pour aller en prison ?". Un acte de protestation également choisi par Noomane Fehri, ancien ministre des Technologies de l’Information et de la Communication, qui s’est lui aussi montré en train d’échanger un baiser avec sa femme sur le réseau social.