Auditionné au Sénat mercredi, Victorin Lurel a évoqué les quotas sucriers en précisant qu’une étude a été commandée pour des éventuelles réorientations. Des déclarations qui provoquent des inquiétudes à La Réunion.
Mercredi 13 novembre à 10h00, la commission des affaires économiques et la délégation sénatoriale à l’outre-mer ont procédé à l’audition du ministre des Outre-mer Victorin Lurel sur le projet de loi de finances pour 2014.
A cette occasion, Victorin Lurel a évoqué les quotas sucriers de la Réunion et de la Guadeloupe.
Le ministre des Outre-mer a déclaré que : "la fin des quotas risque de créer une concurrence supplémentaire pour le sucre de La Réunion et de la Guadeloupe. La réponse, c’est : se spécialiser dans des niches. On a commandé une étude par un cabinet indépendant pour s’interroger sur tout ça et décidé des éventuelles réorientations à prévoir à notre échelle et à plus grande échelle, à l’échelle de l’Europe et à l’international".
Même si aucune décision précise n’a été dévoilée, les propos de Victorin Lurel provoque des inquiétudes du côté de la filière cannes. Interrogé à ce sujet ce jeudi, Jean-Yves Minatchy - représentant de la CGPER - souligne que la canne à La Réunion, ce n’est pas seulement le sucre mais "toute l’économie qui l’accompagne". Pour diversifier l’agriculture, il y a de nombreux obstacles et la mise en place de quotas sucriers ne semble pas être la solution pour la CGPER.
Par voie de communiqué, le PCR affirme que "c’est la première fois qu’un ministre exprime aussi clairement la menace qui pèse sur la filière canne-sucre. Il est prévu que le nouveau règlement sucrier mette fin au régime protecteur des quotas et prix garantis à partir de 2017".
La FDSEA a également fait part de ses inquiétudes suite à l’intervention du Ministre des Outre-mer. Frédéric Vienne insiste sur le fait que beaucoup de questions se posent à l’heure actuelle.
"La diversification en fruits et légumes pourra-t-elle couvrir les 25 000 hectares de canne à sucre. Se pose également la question de la présence de Téréos dans notre département, et la rentabilité des deux usines si la diversification est importante dans les exploitations. De même l’aménagement du territoire et de la lutte contre l’érosion. Le devenir des emplois directs ou indirects...".
La FDSEA affirme que de manière générale, "c’est une remise en cause de la filière canne à la veille des discussions sur la convention canne en 2015".
Le président de la FDSEA - Frédéric Vienne - demande que "des discussions soient engagées pour éviter une démobilisation des planteurs et de la mise en danger de la filière".
Communiqué du PCR suite aux déclarations de Victorin Lurel lors de son audition au Sénat mercredi 13 novembre :
"Ces propos interviennent après ceux tenus par Dacian Ciolos, Commissaire européen à l’Agriculture, lors de sa visite à La Réunion le 29 juillet. Le membre de la commission avait dit que tout allait dépendre de la stratégie qui sera choisie par les sociétés productrices de sucre, autrement dit par Téréos.
Manifestement, le gouvernement a donc décidé de lancer une étude d’impact sur les conséquences de la fin des quotas sucriers à partir de 2017. Les pouvoirs publics ont donc le devoir d’informer en direct les planteurs sur les résultats de cette étude, et de dire publiquement sans tarder ce que fera l’État pour préserver les intérêts des planteurs, ainsi que les richesses acquises par plus de deux siècles de recherche-développement à La Réunion.
Le gouvernement doit donc indiquer précisément comment il compte éviter une catastrophe sociale qui concernerait toute La Réunion : il y a des planteurs dans 23 communes, et la 24e abrite des ateliers de transformation et d’exportation.
Le PCR rappelle qu’il est possible de consolider à La Réunion une industrie de la canne en partageant équitablement les recettes de tous les produits que cette plante peut donner : sucre, électricité, plastiques bio, cosmétiques…
Cet objectif peut se concilier avec celui de l’autosuffisance alimentaire.
Le PCR pense donc que l’agriculture est un gisement d’emplois pour les Réunionnais. Il réitère ses propositions et demande à l’État de s’impliquer pour ne pas que La Réunion subisse une crise bien plus grave que celles du café, de la vanille, du géranium ou du vétiver".