Christian Vanneste, l’élu UMP du Nord devrait être exclu du parti suite aux propos qu’il a tenu sur la déportation des homosexuels français durant la Seconde Guerre mondiale. Outre les vives critiques à son encontre, ce député risque son exclusion du parti et se prive ainsi de son investiture aux législatives de juin, dans sa circonscription de Tourcoing, rapporte Libération.
Après les dérives répétitives du député Christian Vanneste, notamment pour les « propos inacceptables, profondément choquants et intolérables » qu’il a tenu à l’endroit des homosexuels, le Parti UMP s’est finalement décidé à réagir. Par la voix de son secrétaire général, Jean-François Copé, le parti a annoncé qu’une procédure d’exclusion de l’élu figure dans l’ordre du jour de la prochaine réunion de l’UMP. « Afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté, je vous indique qu’il y aura, dans sa circonscription, un candidat investi de l’UMP », indique en outre ce membre du parti sur un ton ferme.
Christian Vanneste est assez connu pour ce genre de provocation mais ses récentes déclarations sur le site de l’association catholique « Liberté politique », en date du 10 février dernier, ont été de trop pour l’UMP.
Il est en effet revenu sur «
la fameuse légende de la déportation des homosexuels », un récit qui a déjà défrayé la chronique auparavant au sein de la sphère politique. «
Manifestement, Himmler avait un compte personnel à régler avec les homosexuels. En Allemagne, il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à à peu près 30.000 déportés, et il n’y en a pas eu ailleurs. Et notamment en dehors des trois départements annexés, il n’y a pas eu de déportation homosexuelle en France. On peut même dire si on veut être méchant - et Monsieur Buisson [conseiller de Nicolas Sarkozy] l’a été lorsqu’il a parlé de la sexualité sous l’Occupation. Lorsqu’un certain nombre d’intellectuels français vont présenter leurs hommages à M.Goebbels, il y en a quand-même la moitié qui sont homosexuels », évoquait l’élu dans cet entretien
vidéo.
Et comme pour enfoncer le clou, ce député ultra-conservateur de rajouter « qu’est-ce qu’un homosexuel ? C’est quelqu’un qui refuse l’autre. Vous en avez beaucoup dans le domaine de la culture, vous en avez beaucoup dans le domaine des médias. C’est-à-dire dans tous les domaines de la communication ». D’où « un renversement de la proportion du poids de l’homosexualité dans notre société » et « un art consommé de la déformation systématique des faits », a-t-il conclu en décrivant l’homosexualité comme une doctrine.
Outrés par ses propos, plusieurs personnalités politiques, autres que les membres invétérés de l’UMP, sont montées au créneau pour dénoncer les manquements répétitifs de Christian Vanneste.
Martine Aubry, première secrétaire du PS, dans un communiqué, condamne « avec la plus grande sévérité », « des affirmations abjectes, marquées par une homophobie insupportable, qui excluent définitivement M. Vanneste du cercle des élus républicains ».
Pour sa part, Catherine Michaud, secrétaire générale de l’association GayLib, cercle de réflexion associé à l’UMP, militant notamment pour l’égalité des droits aux homosexuels, a déclaré « on ne peut que s’indigner, on ne peut qu’être choqués ». « Vanneste nie la déportation des homosexuels en France, comme Jean-Marie Le Pen a nié l’existence des chambres à gaz. Il nous montre une nouvelle fois son vrai visage. S’il a toute sa place au Front national, une chose est claire, il n’a plus sa place à l’UMP », a-t-elle fustigé. Elle s’attend d’ailleurs à ce que la direction de l’UMP réagisse fermement à ces agissements.
Quant à Delphine Batho, porte-parole de François Hollande, elle a tenu à rappeler qu’« en matière d’homophobie, M. Vanneste est un récidiviste. L’UMP doit immédiatement exclure ce député si elle ne veut pas être implicitement complice de propos aussi odieux ». Une autre porte-parole du candidat PS, Najat Vallaud-Belkacem, d’indiquer « on est très au-delà de l’homophobie : Vanneste est un négationniste. il déshonore bien plus que l’UMP qui a perdu son âme et ses valeurs, il déshonore l’Assemblée, la République, la France : c’est une honte qui rejaillit sur tous ceux qui se taisent et baissent les yeux. Nier les faits historiques de déportation des homosexuels n’est pas une opinion, c’est un délit ».
Le député UMP Franck Riester, qui a officialisé son homosexualité en décembre, demande également des « sanctions fortes à l’encontre de Christian Vanneste » pour ses propos « inadmissibles et indignes ». « Il faut le virer de l’UMP », a lancé Benoist Apparu, le secrétaire d’Etat au Logement, sur la toile.
En 2005, Vanneste devait déjà comparaître pour avoir déclaré que l’homosexualité est « inférieure à l’hétérosexualité ». Pour avoir formulé des propos homophobes, il avait été condamné à verser 3.000 euros d’amende et à 2.000 euros de dommages et intérêts à SOS-Homophobie, Act-Up Paris et au Syndicat national des entreprises gays mais une procédure en appel l’avait innocenté en 2008.
En juin dernier, cet élu a encore glissé ses lectures personnelles qui n’ont pas échappées aux oreilles indiscrètes dans les couloirs du Palais-Bourbon. Au moment où les débats s’annonçaient assez intenses au niveau de l’Assemblée nationale concernant un texte socialiste qui entend accorder le mariage aux couples homosexuels, Christian Vanneste avait dit « je ne vois pas en quoi l’Assemblée nationale doit s’intéresser à une aberration anthropologique. Il n’y a que deux sexes, les hommes et les femmes. Et la société doit assurer sa pérennité par le mariage des hommes et des femmes. Le reste, c’est une question de mode, liée à quelques lobbies qui ont manifestement beaucoup de pouvoir ».