Les élus du PCR-Alliance n’ont pas été les seuls à réagir aux déclarations faites par Nicolas Sarkozy au sujet du Revenu de Solidarité Active. Hier, le Président de la République a annoncé que les titulaires du RSA devront s’acquitter de sept heures de travail obligatoire hebdomadaire pour percevoir cette aide. La Président du Département a affiché son désaccord avec le Gouvernement, estimant que cette nouvelle mesure est "techniquement irréalisable, financièrement insoutenable et moralement répréhensible".
" Le Conseil général a toujours été le fer de lance de la politique d’insertion dans le département et y investit chaque année près de 560 millions d’€. Chaque fois que des mesures de nature à améliorer le sort des bénéficiaires des minimas sociaux et à contribuer efficacement à leur insertion professionnelle et sociale ont été proposées, la Collectivité s’est portée volontaire pour l’expérimentation des dispositifs correspondants.
C’est ainsi que nous avons été département pilote pour les contrats d’avenir en 2005 tout comme pour les contrats uniques d’insertion en 2008. Mais face à ces CUI de 7 heures hebdomadaires de travaux d’intérêt généraux annoncés hier par le Président de la République, force est de constater combien cette mesure est techniquement irréalisable, financièrement insoutenable et moralement répréhensible.
Mon devoir de Présidente de Conseil général est de jouer pleinement mon rôle de bouclier social, de dénoncer ce genre de dispositif et de refuser de prendre part à toute expérimentation. Le gouvernement entend mettre en place pour les bénéficiaires du RSA une obligation d’activité, sous forme de CUI de 6 mois, renouvelables une fois, et rémunérés au SMIC, soit 214 par mois pour 7 heures.
Or, il faut savoir qu’à La Réunion, les CUI représentent déjà chaque année un volume de 7 millions d’heures de travail à réaliser pour près de 7000 contrats. Si cette nouvelle mesure venait à être mise en oeuvre dans notre département, elle aurait pour effet de démultiplier ce volume d’heures de travail et de le porter à 17 millions d’heures – et ce en ne prenant en compte que les seuls bénéficiaires du
RSA immédiatement disponibles pour un emploi (50%).
Les bénéficiaires du RSA à La Réunion veulent travailler, non pas 7h mais au moins 22h ou 26h et voire 30h par semaine afin de toucher un salaire décent. Ce n’est pas en stigmatisant une catégorie de la population que l’on contribuera à son insertion. En ces temps de crise, le pays n’a pas besoin de davantage de division mais de davantage de cohésion. "
Nassimah Dindar