Seif el-Islam, l’un des fils de Mouammar Kadhafi, déclare dans un entretien accordé à la presse algérienne que le gouvernement libyen négocierait actuellement avec son homologue français pour régler le conflit en Libye. Un des émissaires de Tripoli se serait rendu à Paris et serait entré en contact avec Nicolas Sarkozy. La démarche française n’est pas du goût des Etats-Unis.
Dans une interview réalisée à Tripoli et parue ce lundi 11 juillet dans le quotidien algérien "El Khabar", Seif el-Islam Kadhafi affirme que le régime libyen a préféré engager des pourparlers avec la France mais pas avec les rebelles.
" La vérité est que nous négocions avec la France et non avec les rebelles ", déclare-t-il. " Notre émissaire auprès de (Nicolas) Sarkozy a indiqué que le président français a été très clair et lui a dit, ’nous avons créé le conseil (des rebelles) et sans notre soutien, notre argent et nos armes, le conseil n’aurait jamais existé’ ", ajoute le fils aîné du colonel Kadhafi. " La France a dit : ’lorsque nous serons parvenus à un accord avec vous (Tripoli), nous obligerons le conseil (CNT) à cesser le feu’ ", détaille Seif el-Islam.
Ces révélations voient le jour alors que Paris met en avant l’option d’un règlement politique pour mettre fin au conflit libyen. "Nous avons arrêté la main qui avait frappé et nous leur demandons de parler entre eux", a déclaré sur BFM-TV le ministre français de la Défense Gérard Longuet. "Il va falloir se mettre maintenant autour d’une table ", a-t-il ajouté. "On arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leur caserne, et ils peuvent parler entre eux puisqu’on apporte la démonstration qu’il n’y a pas de solution de force ", a encore ajouté le ministre français.
De même, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, prône lui aussi un "cessez-le-feu qui en soit véritablement un, sous contrôle des Nations unies". "Il faut ensuite engager un processus de négociations inclusif : le Conseil national de transition, mais aussi les acteurs libyens, et en particulier ceux qui à Tripoli ont compris que Kadhafi n’avait pas d’avenir, et puis engager la feuille de route d’un processus démocratique", a-t-il déclaré sur France Info.
De son côté, l’administration américaine voit d’un très mauvais œil la démarche française. Dans un communiqué, Washington rejette toute idée d’accord avec le régime libyen "Ce sont les Libyens qui décideront eux-mêmes la manière dont la transition doit s’accomplir, mais nous restons fermes dans notre conviction que Kadhafi ne peut pas rester au pouvoir", insiste le département d’État américain.