Largement saluée par la communauté internationale, l’arrestation de Laurent Gbagbo ne fait toutefois pas l’unanimité. L’ancien ministre PS des affaires étrangères Roland Dumas accuse " la France d’avoir livré Laurent Gbagbo à son rival Alassane Ouattara ". Pour sa part, le gouvernement français dément toute participation de la force Licorne dans l’interpellation du président ivoirien.
Après l’arrestation de Laurent Gbagbo, des sons discordants commencent aujourd’hui à s’élever pour dénoncer l’implication de la France dans le conflit ivoirien. L’ex-ministre PS des affaires étrangères Roland Dumas accuse " l’armée française, sur ordre politique, d’avoir livré Laurent Gbagbo à son adversaire Alassane Ouattara ". " Elle l’a même amené au domicile de l’adversaire, un peu comme dans les traditions d’autrefois ", a déclaré sur France Inter l’avocat français, faisant référence au transfert du couple Gbagbo à l’hôtel du Golf, le QG de Laurent Ouattara. " On dit aujourd’hui bravo à l’Afrique. On va voir d’ici quelques temps comment ça va se passer, on va voir comment l’adversaire va se comporter. J’espère qu’il n’ajoutera pas le crime à la trahison ", a ajouté Roland Dumas.
" Lorsque l’on frappe les armes lourdes qui visaient des civils, on est dans le cadre de la résolution des Nations unies ", s’est défendu sur RTL le porte-parole du gouvernement François Baroin. " Le départ de Gbagbo ne va pas nous faire verser des larmes de crocodile, son départ est une bonne nouvelle. Il s’est accroché à son pouvoir. La page est tournée ", a lancé le ministre français du Budget. Intervenu sur l’antenne de BMTV ce matin, Hervé Morin, ancien ministre de la Défense, qui a reconnu " des images d’humiliation " autour de l’arrestation de Laurent Gbagbo a démenti toute participation de l’armée française.
Dans son discours télévisé à la Nation ce mardi 12 avril, le président vainqueur des urnes Alassane Ouattara a appelé la population au calme et à la réconciliation. L’homme a aussi promis d’engager une procédure judiciaire à l’encontre de Gbagbo et de son épouse Simone pour les exactions perpétrées en Côte d’Ivoire depuis le début de la crise le 28 novembre 2010.
De son côté, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a nommé mardi trois experts chargés d’enquêter sur les violations qui auraient été commises. Selon l’ONU, les violences post-électorales en Côte d’Ivoire ont fait entre 800 et 1 000 morts, dont la moitié à Abidjan. Aujourd’hui, plusieurs médias nationaux rapportent que la France a promis à la Côte d’Ivoire une aide d’urgence de 400 millions d’euros.