Près de quatre ans après avoir été enlevé de force par les fidèles de Juliano Verbard, Alexandre, aujourd’hui âgé de 17 ans doit se replonger dans le passé et revivre le cauchemar de 2007. Soutenu par ses parents, son petit frère et sa grand-mère, le jeune homme a affronté ses ravisseurs ce mercredi matin avec une grande assurance.
C’est la chemise ouverte et les Ray Ban sur le nez qu’Alexandre Thélahire a pénétré dans la Cour d’Assises de Saint-Denis avec sa famille. Depuis son kidnapping en 2007, l’enfant d’un naturel réservé est devenu un beau jeune homme sûr de lui et souriant. Ce procès crucial, il l’a préparé avec ses parents et son avocat Maître Gilbert Collard. Aujourd’hui, il abordait donc cette première journée d’audience avec sérénité.
Interrogé lors de la suspension d’audience, Alexandre raconte qu’il a défié ses bourreaux de l’époque : "J’ai tenté de croiser les yeux du gourou à plusieurs reprises, mais il a fui mon regard". Pour Alexandre, le bilan de cette première confrontation est positif. Les premières appréhensions évanouies, le jeune homme se sent prêt à vivre ces trois semaines de procès. "Ce sera long et il y aura sûrement des journées difficiles mais j’en ai besoin pour me reconstruire et passer à autre chose", précise-t-il. Le procès de Verbard et de ses acolytes a fait rejaillir de nombreux souvenirs douloureux : le kidnapping à son domicile dionysien, sa séquestration et la nuit passée dans la maison du Petit Tampon. A l’époque des faits, Guillaume Maillot, l’un des fidèles disciples de Juliano Verbard, avait profité des retraites spirituelles pour attirer Alexandre dans ses filets.
Si la victime a pu retrouver une vie normale en Métropole, elle ne veut plus entendre parler de religion : " A l’époque je m’investissais beaucoup dans les affaires de l’Eglise. Tout ça c’est terminé. J’ai été traumatisé par cette histoire". A demi-mot, le jeune homme avoue aussi qu’il nourrit beaucoup de ressentiment à l’égard de Juliano Verbard et surtout de ses fidèles qui ont participé activement à son enlèvement : " Je souhaite vraiment que justice soit faite car j’ai vécu une expérience horrible. J’ai fait tellement de cauchemars en repensant à la secte. Grâce au suivi psychologique, j’ai pu me relever mais je garde toujours un peu de haine au fond de moi ".
Lors de la séance qui se tiendra demain, la Cour se penchera sur le premier enlèvement d’Alexandre Thélahire, en juillet 2007. Le jeune homme et sa famille livreront leurs témoignages sous les yeux des seize adeptes de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie". En affrontant ses ravisseurs, Alexandre s’est senti remporter une première victoire. A la veille de son passage à la barre, la victime se dit décontractée : "Je veux montrer aux accusés que je n’ai plus peur".