La marée noire qui se propage dans le golfe du Mexique, au large des Etats-Unis, a été happée par un puissant courant marin qui la propulse en direction de la Floride, a annoncé mercredi l’Agence spatiale européenne (ESA), s’appuyant sur des observations par satellite.
LA NOUVELLE-ORLÉANS (AFP) - Une frange de la marée noire du golfe du Mexique était aspirée mercredi par un courant marin en direction de la Floride, qu’elle pourrait atteindre d’ici une semaine, avant de s’engager éventuellement dans l’Atlantique.
La nappe de brut a été happée par un puissant courant marin qui circule en direction des Keys, l’archipel situé à la pointe de la Floride, et qui abrite la troisième barrière de corail du monde, a indiqué mercredi l’Agence spatiale européenne (ESA).
Des images prises le 18 mai par le satellite Envisat montrent, selon les chercheurs, que la marée noire est entrée dans le "Loop Current", un courant qui forme une boucle dans le golfe du Mexique et se dirige ensuite vers l’Atlantique à travers le détroit de Floride.
"Avec ces images de l’espace, nous avons la preuve visible qu’au moins un peu de pétrole de la surface de l’eau a atteint le courant", a déclaré Bernard Chapron, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), estimant qu’il "devrait atteindre la Floride d’ici six jours".
"Le Loop Current est comme une autoroute qui achemine un large éventail de jeunes poissons et d’autres espèces d’animaux marins de leur lieu de naissance à leur lieu de croissance (...). Le Loop Current charrie tout", a de son côté indiqué à l’AFP le biologiste Doug Rader, de l’association écologiste Environmental Defense Fund.
Les côtes nord de Cuba, berceau d’un écosystème fragile, se trouvent aussi sur la trajectoire du courant et la probabilité pour que le cocktail composé de pétrole et de dispersants les atteigne est de "100%", a assuré M. Rader.
Conséquence inattendue de la marée noire : Cubains et Américains sont forcés de dialoguer. Le département d’Etat a confirmé sans plus de précisions que "des discussions de travail sont en cours" au sujet de la catastrophe entre Washington et La Havane.
Sur place, au sud de Venice, port de pêche de Louisiane, le pétrole s’infiltrait toujours plus dans les marais, a constaté l’AFP. Au milieu des roseaux où grouillent des crabes à la carapace orangée par le brut, des galettes de pétrole de toutes tailles jonchent le sable. A certains endroits, une couche d’or noir, épaisse d’une dizaine de centimètres, tapisse le fond de l’eau marécageuse.
Les autorités américaines ont étendu la zone interdite à la pêche, qui couvre désormais 118.400 km2, soit 19% des eaux fédérales américaines du golfe du Mexique.
Près de 20.000 personnes et 970 bateaux restaient mobilisés pour tenter de contenir la nappe de pétrole, d’en brûler des portions et de la disperser à l’aide de produits chimiques.
BP, qui exploitait la plateforme naufragée, a indiqué qu’environ 40% du pétrole s’échappant de la fuite, soit 2.000 barils par jour, était désormais récupéré par un tuyau sous-marin et acheminé vers un navire.
Une tentative de colmatage de la fuite, avec l’injection de matériaux et de produits liquides pourrait être tentée samedi ou dimanche, a indiqué mardi le ministre des Affaires intérieures, Ken Salazar.
Au Sénat, les chefs de la majorité démocrate ont réclamé à l’administration Obama une inspection "immédiate" des plateformes pétrolières au large des côtes américaines.